Le 1er octobre 2024, Claudia Sheinbaum a prêté serment en tant que première femme présidente du Mexique, marquant une étape historique dans le paysage politique du pays. Âgée de 62 ans et ancienne maire de Mexico, Sheinbaum succède à son mentor, Andrés Manuel López Obrador, à la tête d’une nation qui aspire à un changement significatif après des années de gouvernance marquées par la controverse et la violence.
L’investiture de Sheinbaum, qui a remporté près de 60 % des voix lors des élections, représente non seulement une victoire personnelle, mais également un symbole puissant pour les femmes au Mexique, un pays traditionnellement conservateur. Son message lors de la cérémonie d’inauguration, où elle a proclamé que « maintenant est le temps des femmes », a résonné profondément, surtout dans un pays où tous les présidents depuis l’indépendance ont été des hommes.
Cette présidence est le résultat d’une carrière politique de quatre décennies, où Sheinbaum a gagné en notoriété grâce à son approche basée sur les données et sa capacité à réduire la criminalité dans la capitale. Elle a promis de reproduire cette méthode à l’échelle nationale, tout en s’attaquant au fléau de la narco-violence qui a causé plus de 400 000 morts au Mexique depuis 2006.
Sheinbaum commence son mandat avec une supermajorité au Congrès, ce qui lui donne la possibilité de faire avancer ses réformes sans opposition significative. Cependant, elle hérite également de décisions controversées prises par son prédécesseur, notamment une réforme judiciaire qui suscite des inquiétudes tant au sein des défenseurs de l’indépendance judiciaire que chez les investisseurs. Cette réforme, qui permettra l’élection des juges par vote populaire, pourrait avoir des implications considérables pour la sécurité juridique et l’attractivité du Mexique en tant que destination d’investissement.
Un autre défi immédiat sera la gestion des relations avec les États-Unis, surtout avec l’élection présidentielle américaine prévue en novembre. Les résultats de cette élection pourraient influencer les relations commerciales et politiques entre les deux pays.
Lors de son investiture, Sheinbaum a promis de rassurer les investisseurs en affirmant que « les investissements seront sûrs au Mexique ». Cela survient à un moment où l’économie mexicaine, la deuxième plus importante d’Amérique latine, doit faire face à une croissance modeste, tout en maintenant des dépenses sociales populaires. Son premier budget, prévu pour novembre, sera scruté pour déterminer si elle peut équilibrer la réduction du déficit budgétaire avec des engagements sociaux.
Elle a également l’intention de poursuivre les politiques de sécurité mises en place par López Obrador, tout en augmentant les investissements dans des initiatives environnementales, soulignant l’importance d’une transition vers des énergies renouvelables tout en protégeant les industries pétrolières et électriques de l’État.
L’arrivée de Claudia Sheinbaum à la présidence est une opportunité pour le Mexique de redéfinir son avenir politique et social. Son mandat de six ans sera crucial non seulement pour aborder les défis internes tels que la violence et la corruption, mais aussi pour renforcer le statut du pays sur la scène internationale. En tant que première femme présidente, elle porte sur ses épaules les espoirs de nombreux Mexicains qui aspirent à un changement positif et durable.