Les législatives anticipées de dimanche au Japon mettent à rude épreuve le nouveau Premier ministre, Shigeru Ishiba, et son Parti libéral-démocrate (PLD), au pouvoir presque ininterrompu depuis les années 1950. Successeur de Fumio Kishida, Ishiba tente de renforcer sa légitimité en pariant sur une vague de soutien populaire. Cependant, son parti, affaibli par des scandales financiers et la montée de l’inflation, semble proche d’un revers historique.
Ishiba, qui a pris la tête du PLD en octobre, espérait un « effet lune de miel » pour marquer son début de mandat, mais le contexte économique et social s’avère être un frein majeur. La hausse des prix, qui touche durement le pouvoir d’achat des Japonais, a alimenté l’impopularité du gouvernement, aggravée par des révélations concernant des financements non déclarés au sein du PLD. Les ramifications de ce scandale impliquent plusieurs membres de haut rang, ternissant l’image d’un parti déjà contesté pour son manque de transparence. Ishiba avait promis de ne pas soutenir les candidats compromis, mais des transferts d’argent vers les sections locales de ces mêmes membres ont relancé la polémique, affaiblissant encore la position du Premier ministre à la veille du scrutin.
Les dernières enquêtes d’opinion révèlent une baisse de la cote de popularité d’Ishiba et de sa coalition avec le Komeito. Selon les sondages du Yomiuri et de l’Asahi, le PLD pourrait perdre des dizaines de sièges, menaçant sa majorité absolue et ouvrant la voie à une possible réorganisation des alliances parlementaires. Dans les circonscriptions où la proportionnelle renforce le jeu électoral, les candidats du PLD sont en difficulté, ce qui pourrait aboutir à une répartition des sièges plus équilibrée entre les factions politiques du Japon. Cependant, l’opposition, elle-même fragmentée et sans figure unificatrice solide, peine à offrir une alternative durable. Cette situation laisse entrevoir un scénario où le PLD, malgré ses pertes, conserverait le pouvoir par défaut.
Pour le Premier ministre Ishiba, l’enjeu de ces élections est immense : au-delà du maintien de la majorité, c’est la stabilité de son leadership au sein d’un parti divisé qui est en jeu. Bien que le PLD soit coutumier des pertes électorales suivies de retours en grâce, chaque revers électoral accentue la défiance populaire et pourrait, à terme, affaiblir sa position dominante. Si Ishiba échoue à préserver sa majorité, il pourrait être contraint de former une coalition plus large, voire de s’appuyer sur un gouvernement minoritaire. Une situation qui, pour le Japon, pourrait inaugurer une période d’instabilité politique inédite depuis la crise de 2009, lors de la dernière perte de pouvoir du PLD.
Ces élections illustrent un Japon tiraillé entre la continuité d’un parti historiquement puissant et les attentes croissantes d’une population en quête de transparence et de réformes. Face aux défis économiques et à l’urgence de rétablir la confiance, Shigeru Ishiba se trouve confronté à une épreuve décisive, où sa capacité à naviguer dans des eaux politiques troubles pourrait déterminer l’avenir immédiat du Japon.