Ce lundi, Haïti a officiellement nommé Alix Didier Fils-Aimé au poste de Premier ministre, dans un contexte de violence persistante. Quelques heures avant son investiture, un vol de Spirit Airlines, en provenance des États-Unis, a été la cible de tirs en approchant de Port-au-Prince. Cet incident a entraîné la fermeture de l’aéroport international haïtien, marquant la deuxième interruption de l’année en raison de violences armées.
Le vol, détourné vers la République dominicaine, présentait des dommages visibles causés par des balles. Bien que les passagers soient sortis indemnes, un agent de bord a subi des blessures légères. En réponse à cette insécurité croissante, Spirit Airlines et American Airlines ont suspendu temporairement leurs vols vers Haïti. Cet événement souligne la gravité de la crise sécuritaire haïtienne, exacerbée par les affrontements entre gangs armés qui contrôlent une large partie de la capitale.
Le nouveau Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, un entrepreneur et figure politique novice, a promis de rétablir la sécurité dans le pays. Il succède à Garry Cornier, récemment destitué par le Conseil de transition présidentielle en raison de désaccords sur la gestion de la crise et sous la pression internationale.
Le défi est d’autant plus complexe que le pays fait face à une situation humanitaire désastreuse, avec des milliers de morts et plus de 700 000 personnes déplacées par la violence des gangs. Si une mission de sécurité des Nations Unies, dominée par des policiers kényans, a été déployée pour appuyer les autorités locales, son efficacité est largement remise en question face à la gravité de la situation.
Le Conseil de transition, chargé de gérer la période de transition politique, traverse lui aussi une crise de légitimité. Accusé de corruption, plusieurs de ses membres ont été impliqués dans des scandales qui ont érodé la confiance de la population en l’institution. Les allégations d’abus de pouvoir et d’ingérence dans la désignation du nouveau Premier ministre nourrissent les critiques sur une dérive autoritaire du Conseil, exacerbant les tensions internes.
Dans un tel environnement de désordre et de violence, le mandat de Fils-Aimé s’annonce particulièrement difficile. L’homme d’affaires devra non seulement s’attaquer à la question de la sécurité, mais aussi restaurer un semblant de stabilité politique et sociale dans un pays profondément fragilisé. La relance du processus démocratique, déjà en difficulté depuis des années, semble de plus en plus lointaine, à moins que des réformes institutionnelles profondes ne soient engagées pour remettre le pays sur la voie de la réconciliation et de la stabilité. Sans une telle transformation, son autorité pourrait rapidement se fragiliser, et Haïti pourrait continuer de sombrer dans une instabilité durable.