Le 17 novembre 2024, le Sénégal se prépare à une élection législative cruciale, quelques mois après l’élection de Bassirou Diomaye Faye à la présidence. Convoquées après la dissolution de l’Assemblée nationale en septembre 2024, ces élections s’inscrivent dans un contexte politique tendu, marqué par une opposition résolue et des attentes élevées à l’égard du gouvernement Faye. Le président, élu sur un programme de réformes ambitieuses, cherche à consolider son pouvoir en obtenant une majorité parlementaire stable, afin de garantir la mise en œuvre de son plan de transformation du pays.
La campagne électorale, qui a démarré le 27 octobre, a été marquée par une intensification des tensions entre le pouvoir et l’opposition. En effet, le président Faye, soutenu par son Premier ministre Ousmane Sonko, mise sur la victoire de son parti, le PASTEF (Parti des Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité), pour disposer d’un mandat solide. La nécessité de gagner une majorité parlementaire est d’autant plus importante qu’elle lui permettrait de faire passer des réformes constitutionnelles majeures, telles que l’introduction d’un poste de vice-président et des réformes dans le système judiciaire.
Cependant, la situation est loin d’être simple. L’opposition, composée de plusieurs figures de proue comme l’ex-président Macky Sall, l’ancien maire de Dakar Barthélémy Dias, et l’ex-premier ministre Amadou Ba, se montre déterminée à contrer le programme de Faye. Ces derniers dénoncent l’inefficacité de l’administration Faye face à des problématiques clés telles que la hausse du coût de la vie et le chômage des jeunes. Ces critiques, alliées à une stratégie d’union des forces politiques de l’opposition, placent la compétition dans une dynamique de forte incertitude.
Pour Bassirou Diomaye Faye, ce scrutin est avant tout un test de confiance. Son objectif est de renforcer sa légitimité en obtenant une majorité qualifiée aux trois cinquièmes, condition indispensable pour adopter des réformes structurelles, en particulier dans des secteurs clés comme l’agriculture, l’éducation, les mines et la fiscalité. La réforme de la justice et la lutte contre la corruption sont également au cœur de ses priorités, et une victoire parlementaire serait un premier pas pour mettre en œuvre les promesses de campagne qui lui ont permis de remporter l’élection présidentielle avec 54% des voix.
Les analystes estiment qu’une telle victoire offrirait à Faye les moyens de moderniser l’économie sénégalaise et de répondre aux attentes des jeunes, en créant des emplois décents et en réduisant la dépendance du pays à ses secteurs économiques traditionnels. Toutefois, cet objectif pourrait se heurter à des résistances internes au sein même de son parti, notamment en raison des tensions croissantes entre Faye et Sonko, dont la popularité croît auprès de la jeunesse.
Si le PASTEF parvient à s’imposer, il se pourrait que l’issue des législatives crée un nouveau réalignement politique au Sénégal. En l’absence de Sonko sur la liste électorale, les partisans de ce dernier pourraient, selon certains analystes, jouer un rôle clé dans le futur politique du pays. La possibilité que Sonko devienne une figure dominante au sein du gouvernement, malgré les tensions avec Faye, constitue une variable politique incertaine, mais avec un potentiel de peser lourd dans les décisions futures.
Enfin, l’un des enjeux les plus importants de cette élection réside dans la capacité du futur parlement à contrôler l’action du gouvernement et à garantir l’équilibre des pouvoirs. Le militant de la société civile, Adama Sy, souligne la nécessité d’une Assemblée capable de freiner les excès du gouvernement, surtout en matière de gestion des ressources publiques et de la mise en place de réformes. Ce rôle de contrepoids est essentiel pour éviter les dérives autoritaires et assurer une gouvernance démocratique et transparente.