La police géorgienne a annoncé ce samedi 7 décembre avoir arrêté 48 personnes lors des manifestations pro-UE de la nuit précédente, qui ont une nouvelle fois été dispersées à coup de canons à eau et de gaz lacrymogène. Ces arrestations surviennent après une condamnation ferme de l’utilisation disproportionnée de la force par la France, l’Allemagne et la Pologne, qui ont exprimé leur inquiétude dans un communiqué conjoint.
Depuis le 28 novembre dernier, des milliers de Géorgiens se rassemblent chaque soir dans les rues de la capitale Tbilissi et d’autres villes du pays pour exprimer leur mécontentement. La Géorgie, ancienne république soviétique située à la jonction de l’Europe et de l’Asie, est secouée par un mouvement de protestation qui prend de l’ampleur alors que le parti au pouvoir, Rêve Géorgien, a repoussé à 2028 le début des négociations d’adhésion à l’Union européenne. Cette décision a suscité une vague de déception et de colère parmi les manifestants, qui considèrent l’Union européenne comme un vecteur potentiel de modernisation et de démocratie pour leur pays.
Le 2 décembre dernier, des barricades ont même été érigées dans les rues de Tbilissi, créant un climat tendu et de confrontations avec les forces de l’ordre. Tamar Gelashvili, 39 ans, un des manifestants, a exprimé ses craintes au journaliste de l’AFP présent sur place : « J’ai peur, je ne vais pas le cacher, que beaucoup de gens soient blessés, mais je n’ai pas peur de me tenir ici », déplorant la répression policière qui semble s’intensifier.
Les manifestations se sont intensifiées après la décision du gouvernement d’interrompre les négociations d’adhésion à l’UE, ce qui a conduit à un durcissement de la répression. Dans la nuit de vendredi à samedi, la police géorgienne a procédé à 48 arrestations pour « désobéissance aux ordres légitimes de la police et vandalisme », selon un communiqué officiel. Ces arrestations sont la conséquence directe des troubles créés par certains manifestants qui, selon les autorités, ont pris part à des actions violentes, jetant des pierres sur les forces de l’ordre et insultant les policiers présents.
Un policier a même été blessé par un tir de feu d’artifice, signe de la tension palpable entre les forces de l’ordre et les manifestants. En réponse, la police anti-émeute a utilisé des canons à eau et du gaz lacrymogène pour disperser la foule alors qu’elle se regroupait à quelques mètres du bâtiment du Parlement, point focal des manifestations.
La foule était moins nombreuse vendredi soir par rapport aux précédentes nuits, suite à l’arrestation de plusieurs meneurs de l’opposition et d’individus accusés par les autorités d’avoir « organisé les violences » lors des rassemblements. Depuis le début du mouvement, 341 manifestants ont été arrêtés au total, tandis que près de 150 policiers ont été blessés au cours de ces confrontations. Cette situation de forte répression n’a pas découragé les manifestants qui se préparent à un long bras de fer avec le gouvernement pro-russe, selon les analystes locaux.
La situation politique en Géorgie reste tendue alors que l’opposition accuse le pouvoir de manipuler les élections législatives du 26 octobre dernier et de s’éloigner délibérément de son objectif d’intégrer l’Union européenne. Les autorités, quant à elles, affirment que les arrestations sont nécessaires pour maintenir l’ordre et protéger la sécurité publique face à des actions perçues comme violentes et illégales. Les appels à une révision de la stratégie de dialogue avec l’opposition et à une approche plus ouverte et inclusive sont de plus en plus pressants dans un contexte où la Géorgie se trouve à un carrefour stratégique entre l’Europe et la Russie.