Téhéran, 12 juillet 2025 – Alors que le spectre d’une nouvelle escalade nucléaire plane sur le Moyen-Orient, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a lancé un avertissement sévère : toute réactivation des sanctions onusiennes contre l’Iran marquerait « la fin du rôle de l’Europe » dans le dossier nucléaire.
S’exprimant depuis Téhéran devant un parterre de diplomates, Araghchi a dénoncé les tentatives de certains pays européens de raviver le mécanisme de retour automatique des sanctions prévu par le Plan d’action global commun (JCPOA), accord signé en 2015 et sabordé unilatéralement par Donald Trump en 2018.
« Si l’ONU applique de nouvelles sanctions, nous considérerons que l’Europe n’a plus de rôle à jouer dans ce dossier. Elle aura perdu toute crédibilité », a déclaré le chef de la diplomatie iranienne.
Malgré un climat diplomatique tendu, Araghchi a confirmé que l’Iran étudiait les conditions d’un éventuel retour à la table des négociations avec Washington. « Le lieu, la forme, les garanties : tout est à l’étude. Mais rien ne sera décidé sans conditions claires. »
Téhéran insiste : seul le programme nucléaire iranien sera négocié. Aucun dialogue ne sera engagé sur les capacités balistiques du pays ou sur son influence régionale.
« Il ne sera question que de notre programme nucléaire et de la levée des sanctions. Tout le reste est hors de propos. »
Cette déclaration intervient dans un contexte de grande tension régionale. Le mois dernier, Israël a mené une série de frappes aériennes massives contre plusieurs sites nucléaires et militaires iraniens, dont Fordow et Natanz, causant la mort de plus de 900 personnes. L’Iran a riposté par des tirs de missiles, visant notamment une base américaine au Qatar.
Le conflit, qui a duré 12 jours, s’est conclu sur un cessez-le-feu annoncé par Donald Trump, après l’entrée en jeu directe des forces américaines. Ce tournant a profondément altéré les équilibres régionaux.
Dans la foulée de ces événements, l’Iran a suspendu sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Une loi récemment promulguée par le président Massoud Pezeshkian impose que toute inspection de sites nucléaires iraniens soit désormais soumise à l’approbation du Conseil suprême de sécurité nationale.
« Notre coopération ne s’arrête pas, mais elle entre dans une nouvelle phase. Il n’y aura plus de libre accès. L’Iran se réserve le droit de contrôler toute intrusion technique ou diplomatique », a insisté Araghchi.
Téhéran accuse l’AIEA d’adopter une politique de « deux poids, deux mesures », en fermant les yeux sur l’arsenal nucléaire israélien, tout en maintenant une surveillance stricte sur l’Iran.
Le président Pezeshkian, en écho à Araghchi, a prévenu :« Toute agression répétée contre l’Iran sera suivie d’une réponse plus décisive, et regrettable. »
Alors que les puissances occidentales appellent à la désescalade, l’Iran trace une ligne rouge diplomatique et militaire, plaçant la communauté internationale face à un choix délicat : reconstruire un dialogue fondé sur la confiance… ou risquer une nouvelle crise ouverte.