Le président russe Vladimir Poutine a récemment révélé que la Slovaquie avait proposé de jouer un rôle de médiateur dans d’éventuelles négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine, une initiative qui intervient près de trois ans après l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022. Lors d’une conférence de presse télévisée le 26 décembre 2024, Poutine a souligné que le Premier ministre slovaque, Robert Fico, avait exprimé la volonté de la Slovaquie d’offrir son pays comme plateforme pour ces négociations de paix, si celles-ci devenaient possibles. Poutine a salué la « position neutre » de la Slovaquie et a ajouté que la Russie n’était « pas contre » cette proposition, marquant ainsi une ouverture notable dans la quête d’une résolution du conflit.
Cette annonce est intervenue après la visite de Robert Fico à Moscou, le 22 décembre, un déplacement qui revêt une importance particulière. Contrairement à la majorité des dirigeants européens qui ont pris leurs distances avec le Kremlin après l’attaque de l’Ukraine, Fico entretient des relations relativement étroites avec Poutine. Cette visite a eu lieu dans un contexte où, sous le gouvernement de Fico, la Slovaquie, membre de l’Union européenne et de l’OTAN, a suspendu son aide militaire à l’Ukraine depuis l’automne 2023. Cette suspension faisait partie d’un appel à des pourparlers de paix, une position qui a divisé l’opinion publique en Europe. Fico a, en outre, critiqué l’Ukraine pour avoir mis en danger l’approvisionnement en gaz naturel russe, un sujet particulièrement sensible pour la Slovaquie, qui reste fortement dépendante du gaz russe pour ses besoins énergétiques.
En réponse aux préoccupations de la Slovaquie, Poutine a évoqué la possibilité que la Russie fournisse du gaz à l’Union européenne, notamment par le biais du gazoduc Yamal-Europe, soulignant ainsi une tentative de résoudre, en partie, les tensions autour de l’approvisionnement énergétique. Toutefois, des tensions subsistent en raison des désaccords concernant les modalités exactes de cet approvisionnement et les relations énergétiques entre la Russie et ses voisins européens.
La proposition de la Slovaquie de servir de médiateur intervient également dans un contexte géopolitique plus large. Le conflit en Ukraine reste dans une impasse depuis des mois, malgré les efforts internationaux pour parvenir à une cessation des hostilités. L’élection possible de Donald Trump à la présidence des États-Unis en 2024 a également suscité une attention particulière. Le candidat républicain a exprimé son désir de parvenir à un accord de paix rapide, une position qui soulève des inquiétudes à Kiev et à Bruxelles. Les dirigeants ukrainiens et européens craignent que, sous une administration Trump, l’Ukraine ne soit poussée à faire des concessions substantielles à la Russie, notamment en ce qui concerne son intégrité territoriale et ses relations avec l’OTAN.
Parallèlement, Poutine a réaffirmé que la Russie maintenait son objectif d’atteindre « tous les objectifs » en Ukraine, insistant sur l’importance de cette mission pour Moscou. Il a également renouvelé ses menaces de représailles contre Kiev, notamment en utilisant des armes de plus en plus sophistiquées, comme les missiles de dernière génération. Poutine a en outre rappelé une proposition faite en 2021 par le président américain Joe Biden, qui avait suggéré de repousser l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN de 10 à 15 ans, une offre que Poutine avait alors jugée insuffisante. Pour le Kremlin, l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN reste une ligne rouge, et toute forme d’extension de l’Alliance atlantique en direction de l’Est est perçue comme une menace inacceptable pour la sécurité nationale de la Russie.