Le chancelier autrichien Karl Nehammer a annoncé sa démission à la suite de l’échec des négociations visant à former un gouvernement entre les principaux partis centristes du pays, sans inclure le Parti de la liberté (FPÖ) d’extrême droite. Cette décision marque une nouvelle étape dans la crise politique qui secoue l’Autriche depuis les dernières élections législatives.
Dans une déclaration officielle, Karl Nehammer a expliqué que les négociations « longues et honnêtes » entre son Parti populaire conservateur (ÖVP) et le Parti social-démocrate (SPÖ) n’avaient pas abouti, malgré un objectif commun de contrer l’influence croissante du FPÖ. Les discussions ont été particulièrement tendues sur des points clés, notamment les réformes économiques et fiscales, que Nehammer refusait de soutenir s’il les jugeait nuisibles à l’économie ou impliquant de nouvelles taxes.
Le FPÖ, parti eurosceptique et pro-russe dirigé par Herbert Kickl, a remporté les élections législatives de septembre 2024 avec près de 30 % des suffrages, devenant ainsi la première force politique du pays. Cependant, aucun autre parti n’a accepté de former une coalition avec lui, le qualifiant de trop radical.
Le retrait de Nehammer laisse l’Autriche dans une situation politique instable. Le président autrichien, Alexander Van der Bellen, pourrait nommer un gouvernement intérimaire en attendant qu’une solution durable soit trouvée. Selon le journal Kronen Zeitung, Christian Stocker, secrétaire général de l’ÖVP, a été désigné comme chef intérimaire du parti, mais l’avenir politique de la coalition reste flou.
Le parti libéral Neos, un acteur clé dans les négociations, a également quitté les pourparlers, invoquant un manque d’accord sur des « réformes fondamentales ». Sa dirigeante, Beate Meinl-Reisinger, a exprimé son pessimisme quant à la possibilité de progresser vers un compromis.
Le prochain gouvernement autrichien devra relever des défis économiques considérables. La Commission européenne estime que des économies budgétaires de l’ordre de 18 à 24 milliards d’euros sont nécessaires pour redresser l’économie. Le pays est en récession depuis deux ans, le taux de chômage est en hausse, et le déficit budgétaire de 3,7 % dépasse la limite fixée par l’Union européenne.
Dans sa déclaration vidéo, Karl Nehammer a appelé à une « transition ordonnée » tout en dénonçant les « radicaux qui n’offrent aucune solution, mais se contentent de décrire les problèmes ». Sa démission reflète les tensions croissantes dans le paysage politique autrichien, où les partis traditionnels luttent pour conserver leur pertinence face à la montée de l’extrême droite.
Le futur gouvernement, quel qu’il soit, devra non seulement apaiser les divisions politiques, mais aussi répondre aux préoccupations des citoyens concernant l’économie, l’inflation, et la gestion des migrations. En attendant, l’Autriche reste plongée dans l’incertitude, avec une population divisée et des défis qui s’accumulent.