L’ancien Premier ministre pakistanais, Imran Khan, a été condamné vendredi par un tribunal des comptes à 14 ans de prison pour corruption, une décision qui inclut également une peine de 7 ans pour son épouse, Bushra Bibi. Cette affaire repose sur des accusations concernant le Al-Qadir Trust, une entité caritative créée par le couple en 2018. Les autorités allèguent que cette fiducie servait de façade pour accepter des pots-de-vin sous forme de terres précieuses.
Le Al-Qadir Trust, mis en place par Khan alors qu’il était au pouvoir, est accusé d’avoir reçu des terres de valeur comme contrepartie à des arrangements financiers avec Malik Riaz Hussain, un puissant promoteur immobilier. Selon les autorités pakistanaises, les fonds liés à cette affaire proviennent de 190 millions de livres rapatriées du Royaume-Uni en 2019 après une enquête britannique sur des biens acquis illégalement. Au lieu de verser cet argent au Trésor public, l’administration de Khan aurait utilisé ces fonds pour payer des amendes imposées à Hussain pour des acquisitions foncières illicites.
Le parti de Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), a dénoncé ce jugement, le qualifiant de politiquement motivé et dépourvu de preuves solides. Dans un communiqué, le PTI a affirmé que ni Khan ni son épouse n’étaient impliqués directement dans cette affaire, soulignant leur rôle limité en tant qu’administrateurs du trust.
« Toutes les preuves confirment qu’il n’y a eu ni mauvaise gestion ni malversation », a insisté le PTI.
Depuis son éviction du pouvoir en avril 2022, Imran Khan fait face à une série de poursuites judiciaires. Arrêté en août 2023, il accuse le gouvernement actuel, dirigé par le Premier ministre Shehbaz Sharif, et l’armée pakistanaise de mener une campagne visant à l’écarter définitivement de la scène politique. Les responsables gouvernementaux et militaires rejettent catégoriquement ces accusations.
Cette condamnation s’inscrit dans un climat de tensions politiques exacerbées au Pakistan. L’annonce du verdict avait été reportée à plusieurs reprises, alimentant les critiques. Le sénateur Talal Chaudhry, membre du parti au pouvoir PML-N, avait qualifié le dossier d’« affaire claire et nette », affirmant qu’il n’existait aucune possibilité d’arrangement ou de clémence.
La condamnation d’Imran Khan intervient à un moment critique, alors que le Pakistan est confronté à une crise économique majeure et à une polarisation politique grandissante. Cette décision pourrait avoir des répercussions importantes sur l’avenir politique du pays et les aspirations de Khan à revenir au pouvoir.
Avec une carrière marquée par des succès en tant que joueur de cricket et des ambitions de réformes politiques, Khan reste une figure populaire mais controversée. Ses partisans considèrent les poursuites judiciaires comme une tentative de museler une opposition forte dans un paysage politique dominé par des élites traditionnelles.