Le 29 janvier 2025, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a annoncé le retrait officiel du Mali, du Burkina Faso et du Niger du bloc régional, mettant fin à un processus entamé en 2023 par ces trois pays dirigés par des juntes militaires. Cette décision marque un tournant majeur dans la dynamique régionale, exacerbant les tensions politiques déjà présentes en raison d’une série de coups d’État militaires qui ont secoué la région au cours des cinq dernières années.
Les trois pays concernés ont pris la décision de quitter la CEDEAO après des mois de tensions avec l’organisation ouest-africaine. Cette décision a été particulièrement influencée par l’exigence de la CEDEAO en 2023 de rétablir les régimes démocratiques, notamment suite au coup d’État militaire au Niger. Au lieu de céder aux pressions de l’organisation, les juntes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont opté pour un retrait formel et ont fondé l’Alliance des États du Sahel, un nouveau bloc régional. Ce départ officialise ainsi une rupture avec la CEDEAO et marque un nouveau chapitre dans la politique régionale, un chapitre qui pourrait redéfinir les relations diplomatiques, économiques et sécuritaires dans cette zone stratégique de l’Afrique.
Le retrait de ces trois pays représente une rupture significative dans l’histoire de la CEDEAO, qui, traditionnellement, a été un pilier de la stabilité régionale et de l’intégration économique. La région ouest-africaine, déjà fragilisée par des conflits armés, l’insécurité croissante et des tensions internes, se trouve désormais confrontée à un défi supplémentaire : comment maintenir la cohésion et l’unité face à la montée des régimes militaires et à la formation de nouveaux blocs comme l’Alliance des États du Sahel ?
Cette rupture soulève également des interrogations sur l’avenir de la coopération économique et politique entre les États membres de la CEDEAO et ces trois pays. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger étaient des partenaires clés dans le cadre de la libre circulation des personnes et des biens, ainsi que dans des projets régionaux importants. Leur retrait pourrait affecter l’efficacité des programmes économiques, commerciaux et sécuritaires de la CEDEAO, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, qui touche particulièrement le Sahel.
La communauté internationale suit de près les développements dans cette région stratégique, avec une inquiétude croissante face à l’évolution de la situation. Les partenaires internationaux, dont l’Union européenne, les États-Unis et la France, ont exprimé leur désapprobation face à ce retrait, soulignant la nécessité de rétablir les régimes démocratiques pour garantir la stabilité et le développement dans la région. La France, en particulier, a réaffirmé son engagement à soutenir la CEDEAO dans ses efforts pour restaurer l’ordre constitutionnel et a exprimé son inquiétude face à la montée en puissance des régimes militaires qui, selon elle, entravent les progrès réalisés dans la promotion de la démocratie en Afrique de l’Ouest.
Malgré cette rupture, la CEDEAO a exprimé sa volonté de maintenir des relations constructives avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger. L’organisation a précisé, dans un communiqué officiel, que les échanges commerciaux et diplomatiques continueront, même si ces pays ne font plus partie du bloc. Cette position démontre la volonté de la CEDEAO de ne pas tourner la page définitivement sur ces États et de laisser ouverte la possibilité d’une réintégration future, sous réserve d’un rétablissement démocratique. L’organisation a d’ailleurs évoquée qu’elle restait ouverte à des discussions futures pour définir les modalités de cette réintégration, ce qui pourrait constituer un point de départ pour un dialogue plus large sur la coopération régionale.