Le vendredi 7 mars 2025, la Grèce a été le théâtre de scènes de violence lors de manifestations qui ont secoué ses deux plus grandes villes, Athènes et Thessalonique. Ces rassemblements étaient organisés en réponse à une motion de censure contre le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis, en raison de sa gestion controversée de la catastrophe ferroviaire tragique survenue il y a deux ans. Les tensions ont atteint leur paroxysme alors que des manifestants ont lancé des bombes à essence et des fusées éclairantes en direction du parlement grec, donnant lieu à de violents affrontements avec la police antiémeute.
Les forces de l’ordre ont rapidement réagi, déployant des gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des canons à eau pour disperser les manifestants. Ces scènes de chaos ont éclaté peu de temps après le début du discours du Premier ministre Mitsotakis, alors que la motion de censure était discutée au sein de l’assemblée. Le gouvernement a survécu à cette contestation avec une victoire lors du vote, les législateurs ayant rejeté la motion de censure par 157 voix contre 136.
À l’intérieur du parlement, l’ambiance était tout aussi tendue. Des militants, présents dans la tribune des visiteurs, ont lancé des tracts en direction des législateurs avant d’être expulsés par la police. Cette démonstration de colère populaire fait suite à la tragédie du 28 février 2023, lorsqu’une collision ferroviaire à Tempé, dans le nord de la Grèce, a coûté la vie à 57 personnes et causé des dizaines de blessés. L’accident a révélé des défaillances majeures dans le système de sécurité ferroviaire, une négligence qui n’a cessé de faire l’objet de critiques.
Les partis d’opposition, dont quatre formations de centre-gauche et de gauche, ont déposé la motion de censure, estimant que le gouvernement de Mitsotakis avait échoué à prendre ses responsabilités concernant cette tragédie. Nikos Androulakis, le chef du principal parti d’opposition socialiste, a vivement accusé le gouvernement de vouloir « cacher la responsabilité pénale » de la catastrophe. Il a insisté sur le fait que « aucun citoyen grec ne pardonnera » la gestion de cette crise par le gouvernement, qui n’aurait pas su réformer le système ferroviaire défectueux.
Le Premier ministre, de son côté, a défendu sa position en qualifiant la motion de censure d’instrument politique. Il a réaffirmé sa solidarité avec les victimes et leurs familles, soulignant que se rendre sur les lieux de l’accident avait été « le moment le plus difficile de sa vie ». Mais malgré cette prise de position émotionnelle, les manifestants et l’opposition ont jugé cette réponse insuffisante, pointant le manque d’actions concrètes pour réformer le secteur ferroviaire.
Les manifestations de vendredi étaient le troisième dans une série de rassemblements organisés en une semaine, soulignant la colère et la frustration croissantes du peuple grec. En plus des protestations à Athènes et Thessalonique, des rassemblements ont également eu lieu à Larissa, près de l’endroit de la tragédie. Les proches des victimes, comme Chrysoula Chlorou, ont participé activement aux manifestations, exprimant leur soutien aux manifestants et appelant à la justice. Chrysoula Chlorou, dont la sœur Vasso a perdu la vie dans l’accident, a déclaré : « Nous serons aux côtés de tous ceux qui ont la force de faire entendre leur voix pour le peuple et nous les remercions beaucoup. »