Bogota, Colombie – Un attentat à la bombe a coûté la vie à au moins cinq soldats colombiens, mardi 11 mars, dans une enclave contrôlée par des dissidents de la guérilla des FARC, dans le sud-ouest du pays. L’attaque, survenue dans le village d’Esperanza, municipalité de Balboa (département du Cauca), a visé un convoi militaire en mission pour reconstruire un pont détruit début mars par les mêmes rebelles.
Selon le lieutenant Alejandro Silva, porte-parole de l’armée colombienne, l’explosion a eu lieu alors que les soldats se dirigeaient vers la communauté de La Hacienda, une zone rurale où les infrastructures sont régulièrement prises pour cible par les groupes armés. « À ce stade, cinq soldats ont été tués », a-t-il confirmé à l’AFP, précisant que des enquêtes étaient en cours pour déterminer les circonstances exactes de l’attaque.
Le ministre de la Défense, Pedro Sánchez, en poste depuis peu, a réagi sur X en dénonçant « l’ignoble attaque terroriste » perpétrée par le front Carlos Patiño, une faction rattachée à l’État-Major Central (EMC), groupe dissident des FARC n’ayant jamais adhéré à l’accord de paix de 2016. « Nos forces ne plieront pas face à ces actes barbares », a-t-il ajouté, promettant une réponse ferme.
Le département du Cauca, où s’est déroulé l’attentat, est une région clé pour la production de cocaïne, principal moteur économique des groupes armés dans cette partie de la Colombie. Les dissidents de l’EMC y maintiennent une présence forte, profitant du terrain accidenté et de l’absence historique de l’État pour imposer leur loi.
Cet attentat intervient quelques jours seulement après la libération de vingt-huit policiers et d’un militaire, séquestrés pendant trois jours par des rebelles dans la même région. Ces violences en chaîne témoignent d’une escalade alarmante, qualifiée par les autorités de « pire vague de violence de la dernière décennie ».
Élu en 2022, le président Gustavo Petro, premier dirigeant de gauche de l’histoire colombienne, a fait de la « paix totale » une priorité de son mandat, cherchant à négocier avec les multiples groupes armés du pays – guérillas, paramilitaires et narcotrafiquants. Mais cette politique, qui privilégie le dialogue à l’offensive militaire, est aujourd’hui critiquée.
« Les pourparlers ont réduit la pression sur ces groupes, qui en profitent pour consolider leurs positions », analyse María Teresa Ronderos, experte des conflits colombiens, contactée par nos soins. Dans le Cauca, comme dans d’autres régions du sud-ouest et du nord-est, les dissidents des FARC et les cartels semblent avoir gagné du terrain, alimentant un sentiment d’insécurité croissant parmi la population.