Le Bangladesh a émis un mandat d’arrêt contre la députée britannique Tulip Siddiq, suite à des accusations de corruption liées à des transactions foncières et à des allégations de détournement de fonds d’infrastructure. L’enquête, menée par la Commission anti-corruption du Bangladesh (ACC), se concentre sur des accusations selon lesquelles Siddiq aurait acquis illégalement des terres, dans un contexte où la famille de l’ex-Première ministre Sheikh Hasina est accusée de siphonner des fonds destinés à des projets d’infrastructure dans le pays.
Les accusations sont particulièrement graves dans un climat politique tendu, où l’ACC enquête également sur des détournements de fonds atteignant 3,9 milliards de livres sterling. Ces allégations découlent d’une série d’accusations portées par Bobby Hajjaj, un opposant politique de Hasina, et incluent des accusations concernant un accord négocié en 2013 entre le Bangladesh et la Russie, où il est allégué que Siddiq aurait joué un rôle dans la surévaluation d’un projet de centrale nucléaire.
Siddiq, qui a démissionné de son poste de secrétaire économique au Trésor britannique en janvier, a fermement rejeté ces accusations. Par l’intermédiaire de ses avocats, elle a affirmé que les allégations étaient « complètement fausses » et motivées par des raisons politiques. Selon ses représentants, l’ACC n’a fourni aucune preuve pour soutenir ces accusations et n’a pas informé Siddiq de l’existence d’un mandat d’arrêt.
Les autorités bangladaises, cependant, défendent leur enquête, affirmant que les accusations sont fondées sur des preuves documentées de corruption. Mohammad Abdul Momen, le président de l’ACC, a réagi aux critiques, soulignant que l’enquête était menée de manière professionnelle et que les informations avaient été partagées avec les médias de manière adéquate. Il a encouragé Siddiq à se soumettre à la procédure judiciaire, rejetant les allégations selon lesquelles l’ACC interférerait dans les affaires politiques britanniques.
Les tensions autour de cette affaire sont d’autant plus fortes que le Royaume-Uni classe le Bangladesh parmi les pays de catégorie 2B en matière d’extradition, ce qui signifie que l’extradition de Siddiq dépendra de la présentation de preuves claires. Bien que la députée britannique ait défendu son innocence, la situation met en lumière les relations complexes entre la politique bangladaise et britannique, notamment en ce qui concerne les liens familiaux de Siddiq avec l’ex-Première ministre Sheikh Hasina, dont le régime est régulièrement critiqué pour ses dérives autoritaires et sa gestion de l’opposition politique.
En attendant la suite des procédures judiciaires, l’affaire continue de faire l’objet de vives critiques et de débats sur l’impartialité de l’enquête et les motivations politiques qui la sous-tendent.