Le président sortant de l’Équateur, Daniel Noboa, a été réélu lors du second tour de la présidentielle du 13 avril 2025. Bien que les résultats aient été validés par l’autorité électorale du pays et par plusieurs missions d’observation internationales, sa rivale de gauche, Luisa González, conteste fermement l’issue du scrutin, qu’elle qualifie de « fraude électorale grotesque ».
À 37 ans, Daniel Noboa a remporté 55,6 % des voix contre 44,4 % pour Luisa González, une ancienne dauphine de l’ex-président socialiste Rafael Correa. Le Conseil national électoral (CNE) a rapidement annoncé que la tendance était « irréversible », mais Luisa González a exprimé ses doutes et a demandé un nouveau comptage des voix, en mettant en doute la sincérité du processus électoral. Elle a insisté sur l’idée qu’un tel écart de voix ne pouvait être le fruit d’un choix véritablement démocratique, dénonçant ce qu’elle considère comme une manipulation du vote populaire.
Daniel Noboa, quant à lui, a salué sa victoire comme « historique », regrettant que l’on remette en question la volonté des Équatoriens malgré une large avance. Depuis sa station balnéaire d’Olon, il a souligné que la victoire était indiscutable, exprimant son regret face aux accusations de fraude formulées par sa rivale.
Le climat politique en Équateur reste tendu, et l’élection, bien que validée par les observateurs internationaux, est perçue par certains comme un symptôme de la profonde crise politique que traverse le pays. Des experts, comme Pedro Labayen Herrera du Centre pour la recherche économique et politique (CEPR), estiment que ces résultats illustrent un rejet encore important des partisans de l’ancien président Rafael Correa, un phénomène d’ampleur que l’on n’avait pas anticipé. Ce ressentiment populaire traduit un mécontentement fort vis-à-vis de l’héritage du mouvement coréiste.
De plus, Christophe Ventura, spécialiste de l’Amérique latine à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), considère que cette élection ne résout pas les problèmes de fond de la société équatorienne. « Le pays reste profondément divisé, et ces élections n’ont fait qu’exacerber les fractures », a-t-il déclaré.
Malgré les critiques internes, les résultats sont soutenus par la communauté internationale. Luis Almagro, secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), a salué la transparence du processus, félicitant Daniel Noboa pour sa victoire. Les observateurs de l’Union européenne ont également jugé les résultats fiables et conformes aux normes démocratiques.
Du côté des États-Unis, l’ancien président Donald Trump a publiquement soutenu Daniel Noboa, qualifiant ce dernier de « grand dirigeant » et assurant qu’il ne décevra pas les attentes de son peuple.
L’Équateur traverse une période particulièrement difficile, marquée par une crise de sécurité exacerbée par le trafic de drogue. Autrefois perçu comme une oasis de tranquillité en Amérique du Sud, le pays fait désormais face à une violence inédite. Le début d’année 2025 a été le plus meurtrier de son histoire récente, avec un homicide chaque heure. Les ports stratégiques de la côte pacifique, conjugués à la situation géopolitique de l’Équateur entre la Colombie et le Pérou, en font un carrefour clé pour les trafiquants de drogue.
Daniel Noboa, héritier d’une fortune bananière, incarne l’élite politique et économique du pays, prônant une ligne dure en matière de sécurité. Depuis sa prise de fonction, il a intensifié l’usage des forces militaires dans les rues et les prisons, soutenant des politiques de répression sévère contre la criminalité organisée. Ses relations avec les États-Unis, et notamment son soutien à l’ancienne administration de Donald Trump, illustrent son approche sécuritaire et ses liens avec l’Occident.