Alors que l’Allemagne s’apprête à tourner une nouvelle page politique, le futur chancelier Friedrich Merz a révélé ce lundi la composition de son gouvernement. Après des semaines de négociations entre partenaires de coalition, la CDU et son parti frère bavarois, la CSU, ont présenté la liste de leurs ministres appelés à diriger le pays pour les quatre prochaines années.
La nouvelle équipe ministérielle de Merz affiche une forte coloration issue du sud et de l’ouest de l’Allemagne, au détriment des Länder de l’Est. Fidèle à son positionnement conservateur et économique, Merz a privilégié des profils proches des milieux industriels et entrepreneuriaux.
Johann Wadephul, un fidèle allié de Merz, est désigné ministre fédéral des Affaires étrangères. Son expérience parlementaire et sa proximité avec les questions transatlantiques en font un choix stratégique dans un contexte international tendu.
Katherina Reiche, ancienne dirigeante du secteur énergétique, prendra en main le portefeuille de l’Économie, un signal fort envoyé aux industriels allemands.
Alexander Dobrindt, de la CSU bavaroise, obtient le ministère de l’Intérieur, poste sensible au moment où les questions migratoires et sécuritaires sont au cœur du débat public.
Les sociaux-démocrates (SPD), partenaires dans cette coalition, se voient attribuer sept ministères, dont les postes régaliens de la Justice et de la Santé. Leur validation officielle est attendue pour le 29 avril après un vote interne.
Merz a tenté d’équilibrer les critiques récentes sur la faible représentation féminine au sein de la CDU en nommant trois femmes à des postes clés. La nomination de Julia Klöckner à la présidence du Bundestag et l’engagement de la coalition à élire une femme à la présidence fédérale en 2027 marquent un tournant symbolique pour l’Union conservatrice.
Thorsten Frei, catholique originaire du Bade-Wurtemberg, devient ministre des Affaires spéciales et chef de la Chancellerie. Ancien secrétaire général du groupe parlementaire CDU/CSU, il est considéré comme un homme de confiance du nouveau chancelier.
Karin Prien, 59 ans, est nommée ministre fédérale de l’Éducation, de la Famille et des Affaires sociales, un poste stratégique pour accompagner la transformation démographique du pays.
L’arrivée au pouvoir de Merz intervient dans un contexte délicat. L’Allemagne vient de demander à Bruxelles l’activation d’une clause d’exception budgétaire pour pouvoir augmenter ses dépenses militaires en réponse à la guerre en Ukraine. Selon Berlin, l’effort de défense exigé jusqu’en 2028 nécessite de sortir temporairement du strict carcan budgétaire européen.
Dans une lettre adressée à la Commission européenne, le ministre des Finances Jörg Kukies a souligné la nécessité pour l’Allemagne de « renforcer ses capacités nationales de défense et d’assumer sa responsabilité sécuritaire en Europe ». C’est la première fois qu’un pays européen active cette clause depuis son introduction.
La nomination de ce cabinet constitue un test majeur pour Friedrich Merz, qui devra rapidement démontrer sa capacité à gouverner une coalition hétéroclite, satisfaire ses bases conservatrices tout en répondant aux défis socio-économiques et géopolitiques de l’heure.
L’élection formelle de Merz au poste de chancelier est prévue pour le 6 mai. D’ici là, toute l’Allemagne retient son souffle avant le lancement officiel de ce nouveau chapitre politique.