Berlin, 6 mai 2025 – C’est au terme d’un processus semé d’embûches que le chef du parti conservateur allemand, Friedrich Merz, a été officiellement élu chancelier, devenant ainsi le dixième dirigeant de l’Allemagne d’après-guerre. Battu au premier tour de scrutin dans un revers inédit, Merz a finalement obtenu 325 voix lors du second vote tenu ce mardi au Bundestag, dépassant de justesse la majorité requise de 316 voix.
Ce résultat intervient quelques heures seulement après un premier tour marqué par la fronde d’une partie de sa propre coalition. Sur les 328 sièges détenus par l’alliance CDU/CSU et SPD, seuls 310 députés lui avaient accordé leur confiance, soulignant les tensions internes à une coalition formée dans l’urgence après les élections nationales de février.
Friedrich Merz s’est immédiatement rendu au château de Bellevue pour être investi par le président Frank-Walter Steinmeier, avant de retourner prêter serment au Bundestag. À 69 ans, l’ancien chef d’entreprise, connu pour son franc-parler et son style abrasif, accède à la chancellerie sans jamais avoir occupé de poste gouvernemental auparavant.
La coalition fraîchement conclue entre l’Union chrétienne-démocrate (CDU/CSU) et le Parti social-démocrate (SPD) prévoit des réformes économiques d’envergure : baisse de l’impôt sur les sociétés, réduction des prix de l’énergie et relance de la croissance figurent au cœur de son programme. En matière internationale, Merz promet un soutien renforcé à l’Ukraine face à l’invasion russe, ainsi qu’une hausse significative des dépenses militaires dans un contexte géopolitique tendu.
Mais cette nouvelle majorité naît dans la douleur. Le revers du premier tour révèle des désaccords profonds sur la répartition des portefeuilles ministériels, les compromis programmatiques et la gestion de la dette publique. Des observateurs évoquent déjà une coalition « fracturée » avant même son entrée en fonction.
Alors que l’Europe espérait un signal de stabilité en provenance de Berlin, l’épisode du vote raté a semé le doute. « Cet espoir a été déçu », déplore Jana Puglierin, du Conseil européen des relations étrangères. « Cela affaiblit le rôle de l’Allemagne comme moteur européen à un moment crucial. »
Le défi est donc double pour Friedrich Merz : affirmer sa légitimité à l’intérieur d’une coalition frileuse et rétablir la crédibilité allemande sur la scène internationale, alors que la montée de l’extrême droite et les tensions commerciales avec les États-Unis de Donald Trump assombrissent l’horizon.
Un baptême du feu pour un chancelier que certains jugent déjà clivant, mais dont le destin politique, désormais scellé, s’écrira sous l’œil attentif de l’Allemagne et de toute l’Europe.