Après six séances consécutives de baisse, les prix du pétrole ont brièvement repris des couleurs mardi, portés par des achats techniques et une chasse aux bonnes affaires. Le baril de Brent a gagné 1,15 dollar pour atteindre 61,38 dollars, tandis que le brut américain West Texas Intermediate (WTI) a progressé de 1,11 dollar, s’élevant à 58,24 dollars. Ce rebond intervient après que les deux indices de référence ont plongé à leur plus bas niveau depuis février 2021.
Ce sursaut reste néanmoins fragile et s’inscrit dans un contexte marqué par de profonds déséquilibres sur le marché. La décision récente de l’OPEP+ d’augmenter sa production pour un deuxième mois consécutif a accru les craintes d’un excès d’offre à court terme. De nombreux analystes estiment ainsi que cette hausse des prix pourrait n’être qu’un répit temporaire.
« Le léger rebond des prix du pétrole observé aujourd’hui semble plus technique que fondamental », analyse Yeap Jun Rong, stratège de marché chez IG. « Les vents contraires persistent, entre la stratégie de production plus agressive de l’OPEP+, les incertitudes liées à la demande mondiale et les risques commerciaux, notamment les droits de douane américains. »
Depuis avril, les prix du brut ont chuté de plus de 20 %, dans le sillage des hausses tarifaires imposées par le président américain Donald Trump, qui ont ravivé les craintes d’un ralentissement de l’économie mondiale. Ce repli marqué a alimenté une vague de spéculations sur un éventuel déséquilibre entre l’offre et la demande mondiales.
La réouverture du marché chinois ce mardi, après cinq jours de congé, a néanmoins contribué à limiter les pertes. Premier importateur mondial de pétrole, la Chine aurait, selon les analystes, profité des prix bas pour reconstituer ses stocks.
« Les acteurs chinois sont de retour, et il est probable que les acheteurs aient saisi l’opportunité d’acquérir du brut à des niveaux historiquement bas », explique Priyanka Sachdeva, analyste senior chez Phillip Nova.
Par ailleurs, des signaux positifs émanant des États-Unis ont également offert un soutien marginal aux cours. L’indice PMI des services de l’Institute for Supply Management (ISM) a progressé à 51,6 en avril, contre 50,8 en mars, traduisant un rebond de l’activité non manufacturière.
Malgré ce contexte porteur à court terme, les fondamentaux demeurent fragiles. La perspective d’un excédent structurel, conjuguée à une demande mondiale toujours incertaine, continue de peser lourdement sur les marchés pétroliers. Tant que ces déséquilibres ne seront pas résolus, les analystes anticipent une volatilité durable, où chaque rebond pourrait précéder une nouvelle phase de repli.