À contre-courant de tous les sondages, et avec vingt points de retard au premier tour, Nicușor Dan a créé la surprise en remportant l’élection présidentielle roumaine avec 53,6 % des voix face à son adversaire d’extrême droite, George Simion, soutenu par la mouvance trumpiste.
Candidat discret, indépendant, et maire de Bucarest depuis 2020, Dan incarne une figure de rigueur, d’honnêteté et de technocratie – loin des grandes machines partisanes. Pro-européen convaincu, il a su rallier en quelques semaines une coalition hétéroclite : classes moyennes urbaines, étudiants, retraités inquiets des dérives autoritaires, et partisans d’un ancrage clair de la Roumanie dans l’Union européenne.
Sa victoire a été immédiatement saluée par de nombreuses capitales européennes. Le président français Emmanuel Macron, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte y voient une « victoire de la démocratie » et un signal fort dans un contexte européen marqué par la montée des populismes.
Alors que la Roumanie partage une longue frontière avec l’Ukraine en guerre, cette élection revêt une dimension stratégique. Nicușor Dan s’est engagé à maintenir un alignement ferme sur les positions européennes et atlantiques, notamment sur le soutien militaire à Kyiv et la défense du flanc oriental de l’OTAN.
Le résultat constitue aussi un coup d’arrêt net pour George Simion, leader du parti AUR, qui misait sur une rhétorique anti-migrants, anti-UE, et ultraconservatrice. S’il avait dominé le premier tour, son discours clivant et ses positions ambiguës vis-à-vis de Moscou ont fini par inquiéter au-delà de son électorat traditionnel. Après avoir reconnu sa défaite, Simion a rapidement rétropédalé en contestant les résultats devant la Cour constitutionnelle, dénonçant sans preuve des « ingérences étrangères ».
Les autorités électorales, appuyées par les observateurs internationaux, ont pourtant salué un scrutin transparent, pacifique et conforme aux standards démocratiques.
L’élection de Nicușor Dan ouvre une nouvelle ère politique dans un pays souvent tiraillé entre promesses de modernité et réflexes nationalistes. Il hérite cependant d’un paysage fragmenté, d’une population désabusée par la corruption, et d’institutions parfois fragiles.