Le 4 juin 2025, le Vietnam a officiellement mis fin à la politique de limitation des naissances à deux enfants par famille, en vigueur depuis 1988. Cette décision, annoncée par l’Agence vietnamienne d’information (VNA), intervient alors que le pays fait face à une chute continue de son taux de fécondité, qui menace son dynamisme économique et son avenir démographique.
Avec environ 100 millions d’habitants, le Vietnam aspire à devenir un pays à revenu élevé d’ici 2045. Or, depuis plusieurs années, le nombre moyen d’enfants par femme est tombé en dessous du seuil de renouvellement des générations, fixé à 2,1. Selon le ministère de la Santé, ce taux est passé de 2,11 enfants en 2021 à 1,91 en 2024, un niveau historiquement bas qui s’accentue particulièrement dans les grandes métropoles comme Hanoï et Ho Chi Minh-Ville, où le coût de la vie grimpe plus vite que les salaires.
Cette évolution suscite de fortes inquiétudes. Le vieillissement progressif de la population et la contraction de la main-d’œuvre risquent de freiner la croissance économique du pays à moyen et long terme. Face à ces défis, les autorités vietnamiennes ont décidé de lever la contrainte de la politique familiale stricte, permettant désormais à chaque couple de choisir librement le nombre d’enfants.
Pourtant, cette mesure seule ne suffira pas à relancer la natalité. Tran Minh Huong, une jeune employée de bureau de 22 ans, témoigne d’un désintérêt croissant pour les enfants, en dépit des normes sociales qui valorisent le mariage et la parentalité. « Élever un enfant coûte trop cher », explique-t-elle, soulignant que le poids financier reste un obstacle majeur.
La ministre adjointe de la Santé, Nguyen Thi Lien Huong, appelle à un changement d’état d’esprit plus global : « Nous devons dépasser la seule planification familiale pour envisager la population et le développement sous un angle plus large. » Des incitations financières sont envisagées pour encourager les naissances, alors que la société vietnamienne doit aussi faire face à un déséquilibre des sexes à la naissance — un héritage culturel favorisant les garçons — malgré des efforts pour freiner la sélection prénatale du sexe, avec une récente proposition de tripler les amendes pour dissuader ces pratiques.
Cette réforme rappelle celle menée en Chine voisine, qui a mis fin à sa politique de l’enfant unique à la fin des années 2010, autorisant progressivement les familles à avoir jusqu’à trois enfants. Néanmoins, même avec ces assouplissements, la natalité chinoise ne remonte pas, freiné par les mêmes défis économiques et sociaux.
Le Vietnam espère désormais que cette nouvelle liberté démographique, accompagnée de politiques adaptées, permettra de préserver son capital humain et d’assurer une croissance soutenue dans les décennies à venir.