L’ancienne présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner, âgée de 72 ans, purgera sa peine de six ans de prison à son domicile, dans le quartier Constitución à Buenos Aires, où elle réside avec sa fille et sa petite-fille. La justice fédérale a autorisé cette modalité de détention, invoquant son âge avancé ainsi que des préoccupations liées à sa sécurité personnelle.
Cette assignation à résidence s’accompagne de conditions strictes : port obligatoire d’un bracelet électronique, interdiction formelle de quitter son domicile sauf en cas exceptionnel, et restriction des visites à une liste fermée de personnes préalablement validées par la justice.
Cette peine fait suite à la décision rendue le 10 juin 2025 par la Cour suprême, qui a confirmé sa condamnation pour fraude à l’administration publique dans le cadre de la célèbre affaire « Causa Vialidad ». L’enquête avait révélé l’attribution irrégulière de 51 marchés publics à un entrepreneur proche de Kirchner, avec une surfacturation estimée à 500 millions de dollars. Outre la peine de prison, la Cour a également entériné son inéligibilité à vie à toute fonction publique.
La mise en détention domiciliaire de l’ancienne cheffe de l’État a immédiatement déclenché une vague de protestations. Des milliers de manifestants se sont rassemblés, notamment sur la mythique place de Mai à Buenos Aires, dénonçant ce qu’ils considèrent comme une persécution politique et réclamant la réhabilitation de Cristina Kirchner.
Dans une vidéo adressée à ses partisans, elle a lancé un appel mobilisateur : « ¡Vamos a volver! » (« Nous allons revenir ! »), ravivant l’ardeur militante de ses fidèles.
Du côté du gouvernement de Javier Milei, la décision est saluée comme une victoire de l’État de droit et de l’indépendance de la justice. L’opinion publique reste toutefois profondément divisée, entre soutiens inconditionnels de l’ex-présidente et opposants farouches dénonçant des années de corruption.
Ce jugement constitue un précédent historique depuis le retour de la démocratie en Argentine en 1983 : Cristina Kirchner devient la première ex-présidente à purger une peine de prison — même sous forme d’assignation à domicile.
Ses partisans dénoncent un usage politisé du droit pénal, qualifié de « lawfare », une stratégie d’acharnement judiciaire à des fins partisanes. En parallèle, la justice réclame désormais le remboursement intégral des fonds publics détournés, soit environ 500 millions de dollars.