Un basculement décisif dans le conflit israélo-iranien s’est opéré, désormais attisé par l’engagement direct des États-Unis. Les frappes aériennes américaines contre les installations nucléaires de Fordow, Natanz et Isfahan ont provoqué une onde de choc aussi bien diplomatique que stratégique. Alors que Téhéran promet une riposte d’envergure, le président américain Donald Trump souffle sur les braises, n’excluant pas l’éventualité d’un changement de régime à Téhéran. Cette combinaison de menaces militaires et de rhétorique politique fait craindre une dérive incontrôlée vers un conflit régional généralisé.
Dès les premières heures ayant suivi l’opération américaine, l’Iran a adopté un ton résolument offensif. Le conseiller du guide suprême, Ali Akbar Velayati, a désigné les bases américaines dans la région comme des cibles légitimes. Ces propos visent clairement les installations militaires situées au Qatar, en Irak, à Bahreïn et aux Émirats arabes unis, où stationnent plusieurs milliers de soldats américains. Dans le même esprit, Ali Shamkhani, autre figure influente du régime, a tenu à rappeler que, malgré les destructions infligées, le programme nucléaire iranien conserve sa substance : l’uranium enrichi, le savoir technologique et la détermination politique seraient intacts. Il a également averti que « des surprises » étaient à prévoir, laissant planer le spectre d’opérations asymétriques impliquant des groupes armés alliés de Téhéran ou des cyberattaques contre des infrastructures occidentales.
Cette position offensive a été renforcée par le président iranien Masoud Pezeshkian, qui, lors d’un échange téléphonique avec Emmanuel Macron, a appelé à une réponse ferme face à ce qu’il qualifie d’agression américaine. En parallèle, la menace de perturber le détroit d’Ormuz, point névralgique par lequel transite près de 20 % du pétrole mondial, s’inscrit dans une stratégie de pression globale visant à infliger des coûts économiques massifs aux États-Unis et à leurs partenaires.
Face à cette posture iranienne, Donald Trump n’a pas cherché à temporiser. Bien au contraire, il a qualifié les frappes d’« immense succès », se félicitant de la destruction supposée des principales capacités nucléaires de l’Iran. À travers un message publié sur Truth Social, il a salué l’efficacité des bombardiers B-2 et des bombes « bunker-busters », tout en affirmant qu’il n’hésiterait pas à frapper de nouveau si l’Iran persistait dans son attitude hostile.
Mais c’est surtout sa déclaration ambiguë sur un éventuel changement de régime qui a fait bondir les observateurs. Sans employer directement cette expression, Trump a suggéré qu’un gouvernement incapable de « rendre leur grandeur à l’Iran » pourrait être remplacé. Cette rhétorique rappelle les discours guerriers de l’ère Bush, notamment avant l’invasion de l’Irak en 2003. Toutefois, au sein même de l’exécutif américain, certaines voix se veulent plus prudentes : des responsables du Pentagone et le vice-président ont souligné que les frappes avaient pour seul objectif de prévenir une montée en puissance nucléaire iranienne, et non de renverser le régime.
Les frappes coordonnées avec Israël visaient clairement à anéantir les capacités nucléaires les plus avancées de l’Iran. Fordow, centre d’enrichissement protégé par des montagnes, aurait permis d’atteindre un niveau d’enrichissement proche des 90 %, seuil critique pour une arme nucléaire. Natanz et Isfahan, quant à eux, jouent un rôle clé dans l’enrichissement et la transformation de l’uranium.
Washington présente cette opération comme préventive et nécessaire. Toutefois, l’absence de mandat du Congrès américain et le manque de coordination avec les alliés européens ont suscité de vives critiques, notamment en France et en Allemagne. Si les frappes sont techniquement réussies, elles soulèvent une question essentielle : ont-elles ouvert une voie diplomatique ou bien fermé les dernières portes de la désescalade ?
Alors que les déclarations enflammées se multiplient, les analystes redoutent une escalade aux conséquences régionales désastreuses. L’Iran pourrait frapper directement les forces américaines, viser des infrastructures pétrolières dans le Golfe ou encore mobiliser ses alliés régionaux comme le Hezbollah ou les milices irakiennes. Un blocus du détroit d’Ormuz, même temporaire, provoquerait une envolée des prix du pétrole et une crise énergétique globale. En retour, les États-Unis pourraient intensifier leurs frappes, basculant dans une campagne militaire prolongée.
De nombreux experts, relayés notamment par The Times et Politico, mettent en garde contre une dérive vers une guerre ouverte impliquant l’Iran, Israël, les États-Unis et leurs alliés, avec des répercussions possibles en Syrie, au Liban, en Irak et au-delà.