Ankara, 4 juillet 2025 – La justice turque a annoncé vendredi de nouvelles accusations à l’encontre d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul actuellement emprisonné, cette fois pour falsification de diplôme universitaire. Déjà détenu depuis mars dans le cadre d’une affaire de corruption qu’il conteste, Imamoglu voit désormais s’alourdir les poursuites judiciaires à son encontre, dans un contexte politique de plus en plus tendu à l’approche des prochaines élections présidentielles.
Selon les informations rapportées par le journal Milliyet, le parquet aurait requis huit ans et neuf mois de prison pour ces nouvelles accusations. L’affaire repose sur une décision controversée prise par l’Université d’Istanbul le 18 mars, déclarant l’annulation du diplôme d’Imamoglu. L’opposant avait été arrêté dès le lendemain, une manœuvre dénoncée comme politique par ses partisans.
Figure de proue du Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d’opposition, Ekrem Imamoglu est perçu comme le rival le plus sérieux du président Recep Tayyip Erdogan. Son arrestation pour corruption en mars, puis l’ajout de cette nouvelle charge, ont déclenché une vague de protestations massives dans plusieurs grandes villes, les plus importantes depuis les manifestations de Gezi en 2013.
« Ces accusations sont purement politiques », a déclaré un porte-parole du CHP. « Le régime cherche à écarter Imamoglu du jeu démocratique, car il représente une menace électorale directe pour Erdogan. »
Les autorités, de leur côté, nient tout acharnement judiciaire ou motivation politique, affirmant que l’affaire suit son cours selon les lois en vigueur. Néanmoins, la coïncidence entre les échéances électorales et les charges portées contre Imamoglu renforce les soupçons d’un usage stratégique de la justice pour neutraliser l’opposition.
Réélu largement à la mairie d’Istanbul en mars dernier, Imamoglu reste, malgré sa détention, un symbole de résistance démocratique, tant en Turquie qu’au sein de la diaspora. Plusieurs dirigeants européens ont exprimé leur préoccupation, appelant Ankara à respecter l’état de droit et à garantir des élections libres et équitables.
Alors que le procès d’Imamoglu doit s’ouvrir dans les prochaines semaines, son avenir politique demeure incertain. Mais pour ses soutiens, une chose est claire : sa popularité grandit à mesure que la répression s’intensifie.