C’est un affront diplomatique et un acte de fuite politique d’une gravité exceptionnelle. Alors que la justice française a validé la libération conditionnelle de Boualem Bensaïd, l’un des cerveaux des attentats islamistes de 1995 en France, les autorités algériennes refusent toujours de délivrer le laissez-passer consulaire nécessaire à son expulsion. Un silence glacial, interprété par Paris comme un désaveu délibéré des obligations internationales les plus élémentaires.
Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a réagi avec fermeté : « Le retour de Boualem Bensaïd en Algérie est une obligation claire qui incombe aux autorités algériennes. Il est de leur devoir, au regard du droit et du respect des engagements bilatéraux, de reprendre leur ressortissant. » Une déclaration sans ambiguïté, qui traduit l’agacement croissant de Paris face à l’attitude d’Alger, jugée irresponsable, opaque et politiquement provocatrice.
Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour son rôle central dans les attentats du RER parisien, Boualem Bensaïd est une figure tristement emblématique de la terreur islamiste qui a endeuillé la France dans les années 1990. Aujourd’hui, la loi prévoit son expulsion vers l’Algérie. Mais le régime algérien bloque, retarde, entrave. Et ce refus, lourd de sens, ne peut être lu autrement que comme un geste politique, volontaire et insultant.
Cette obstruction consulaire n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une suite de tensions, alimentées par la décision brutale d’Alger, il y a quelques mois, d’expulser douze agents français en poste. Elle s’inscrit aussi dans le refus persistant de reprendre plus de cent vingt ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire. Pour les autorités françaises, c’est désormais une ligne rouge franchie : le régime algérien ne peut continuer à revendiquer un statut d’État souverain tout en se soustrayant systématiquement à ses responsabilités internationales.
Car ce silence algérien n’est pas neutre. Il est coupable. Il est honteux. Il est politique. Il traduit une volonté délibérée d’éviter d’assumer un passé qui dérange, et un présent qu’on manipule. Reprendre Boualem Bensaïd, c’est assumer que l’un des artisans de la terreur en Europe est bien algérien. C’est assumer une part sombre de l’histoire nationale, celle du GIA, de la décennie noire, des dérives sécuritaires et de la propagation de l’idéologie islamiste dans les marges de la République.
Mais Alger préfère l’omission, l’effacement, la stratégie du vide. Une méthode connue, usée, mais qui ne passe plus. La France, aujourd’hui, dénonce cette duplicité. Et Jean-Noël Barrot l’a clairement signifié : la France ne tolérera plus que ses décisions de justice soient bloquées par des considérations idéologiques ou des calculs diplomatiques étrangers.
L’heure est venue de réagir avec fermeté. Restreindre les privilèges accordés aux hauts responsables algériens, conditionner la coopération bilatérale, geler certains canaux diplomatiques : toutes les options doivent désormais être sur la table. Car en refusant de rapatrier un terroriste de nationalité algérienne, le pouvoir d’Alger choisit l’esquive au lieu du droit, l’orgueil au lieu de la justice, le silence au lieu de l’honneur.
Et pendant que Boualem Bensaïd attend dans sa cellule du Haut-Rhin, ce sont les victimes, les familles et la mémoire des attentats qui sont une nouvelle fois insultées. L’Algérie n’a plus le droit de se dérober.