Dans un week-end marqué par une action militaire d’envergure, les forces aériennes nigérianes ont mené, entre la nuit du vendredi 22 et le matin du samedi 23 août 2025, deux raids simultanés dans les régions du nord-ouest et du nord-est du pays. Ces opérations ont permis la libération de 76 otages, dont une majorité d’enfants, dans l’État de Katsina, et la neutralisation de plus de 35 jihadistes près de la frontière camerounaise dans l’État de Borno. Ces succès, bien que ternis par la perte tragique d’un enfant lors du sauvetage à Katsina, illustrent la détermination du Nigeria à lutter contre l’insécurité chronique qui frappe ses régions septentrionales.
Dans l’État de Katsina, au nord-ouest, un raid aérien ciblé a visé le repaire du chef de gang Babaro, impliqué dans une attaque meurtrière contre une mosquée à Unguwar Mantau le 19 août 2025, où au moins 27 personnes avaient été tuées. L’opération, menée autour de Pauwa Hill dans la région de Kankara, a permis la libération de 76 otages, majoritairement des femmes et des enfants, retenus par des bandits armés. Selon Nasir Mu’azu, commissaire à la sécurité intérieure de Katsina, les frappes aériennes ont désorganisé les ravisseurs, créant une opportunité pour les otages de s’échapper.
Cependant, la tragédie a marqué cette opération : un enfant a perdu la vie lors du sauvetage, et le bilan exact des autres victimes reste incertain. Les otages libérés incluent des victimes enlevées lors de récentes attaques, notamment celle de la mosquée d’Unguwar Mantau. Mu’azu a souligné que cette opération s’inscrit dans une stratégie plus large visant à « démanteler les repaires criminels » et à mettre fin au « cycle de meurtres, d’enlèvements et d’extorsions » qui terrorisent les populations civiles. Cette intervention fait suite à un autre succès récent dans la région, où un bombardement à Jigawa Sawai, près de la frontière avec Zamfara, avait permis la libération de 62 otages kidnappés lors d’une attaque contre une église le week-end précédent.
Simultanément, dans l’État de Borno, près de la frontière avec le Cameroun, l’armée de l’air nigériane a lancé des frappes de précision contre des rassemblements de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). Ces raids, menés dans la zone de Kumshe, ont neutralisé plus de 35 jihadistes qui s’apprêtaient à attaquer des positions militaires terrestres. Selon des rapports relayés par Zagazola Makama, analyste en contre-insurrection, les frappes ont perturbé la logistique des groupes armés, empêchant des renforts et rétablissant la sécurité autour des positions des forces nigérianes.
L’opération a été déclenchée après une tentative d’assaut pré-dawn des jihadistes sur Kumshe, repoussée par une résistance féroce des troupes au sol, soutenues par des frappes aériennes successives. Malgré la perte d’un soldat et deux blessés dans les affrontements, les raids ont infligé des pertes importantes aux insurgés, plusieurs corps ayant été abandonnés sur le champ de bataille.
Ces opérations interviennent alors que le Nigeria fait face à une recrudescence des violences dans ses régions septentrionales, marquées par 16 ans d’insurrection jihadiste dans le nord-est, principalement menée par Boko Haram et ISWAP, et par une vague d’enlèvements et d’attaques par des bandits armés dans le nord-ouest. Depuis le début de 2025, les attaques contre les communautés rurales, les écoles et les lieux de culte se sont intensifiées, exacerbant une crise humanitaire qui a déplacé plus de 2 millions de personnes, selon les Nations unies.
Les raids aériens démontrent la capacité de l’armée nigériane à coordonner des opérations complexes impliquant des forces aériennes et terrestres. Cependant, la perte d’un enfant lors du sauvetage à Katsina souligne les risques inhérents à de telles interventions, soulevant des questions sur la précision des frappes aériennes et leurs conséquences collatérales. Malgré ces défis, les opérations ont permis de priver les groupes armés de liberté d’action, renforçant temporairement la sécurité dans les zones ciblées.
Ces actions s’inscrivent dans une stratégie plus large des forces nigérianes, soutenues par l’opération Hadin Kai dans le nord-est et l’opération Fansan Yamma dans le nord-ouest, visant à démanteler les réseaux criminels et jihadistes. Le gouverneur de Katsina, Dikko Umaru Radda, a salué les « efforts héroïques » des forces de sécurité, réaffirmant l’engagement de son administration à éradiquer le banditisme. De son côté, le porte-parole de l’armée de l’air, Ehimen Ejodame, a souligné que les frappes à Borno ont « stabilisé la situation » autour des positions militaires, limitant les capacités opérationnelles des insurgés.
Ces opérations réussies marquent un progrès significatif dans la lutte contre l’insécurité au Nigeria, mais elles ne résolvent pas les causes profondes du conflit, telles que la pauvreté, le manque d’accès à l’éducation et les tensions intercommunautaires. La coordination entre les forces aériennes et terrestres, ainsi que l’utilisation de frappes de précision, témoigne d’une amélioration des capacités militaires nigérianes. Toutefois, la persistance des attaques jihadistes et des enlèvements de masse nécessite une approche globale, combinant efforts militaires, développement économique et dialogue communautaire.