LIMA – 21 septembre 2025. Des scènes de chaos ont éclaté samedi dans le centre de la capitale péruvienne, où près de 500 manifestants antigouvernementaux ont affronté la police antiémeute. Le rassemblement, initié par le collectif de jeunes de la « Génération Z », a dégénéré lorsque les protestataires ont tenté de s’approcher du Palais du gouvernement et du siège du Congrès.
Sous un imposant dispositif sécuritaire, les forces de l’ordre ont eu recours à des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, qui ripostait en lançant pierres et bâtons. Des images de blessés ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux. La station de radio Exitosa a rapporté que l’une de ses journalistes et un caméraman avaient été touchés lors des heurts, tandis que la police a fait état de trois agents blessés.
Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte de mécontentement croissant au Pérou. Les manifestants dénoncent à la fois la corruption des institutions, la montée en flèche du crime organisé et une récente réforme du système de retraites. La loi controversée, adoptée cette semaine par le Parlement à majorité conservatrice, impose aux jeunes de plus de 18 ans de cotiser obligatoirement à un fonds de pension privé, alors que nombre d’entre eux travaillent dans des conditions précaires.
« Le Congrès n’a aucune crédibilité, il n’a même pas l’approbation du peuple. Il plonge ce pays dans le chaos », a déclaré Celene Amasifuen, 19 ans, présente dans le cortège. Une autre manifestante, Gladys, 54 ans, a confié : « Aujourd’hui, la démocratie est moins présente qu’avant. La peur, l’extorsion et la criminalité étouffent la société. »
À moins d’un an de la fin de son mandat, prévu pour le 28 juillet 2026, la présidente Dina Boluarte est confrontée à une impopularité record. Selon plusieurs sondages, sa gestion est massivement rejetée, principalement en raison de l’incapacité de son gouvernement à endiguer les extorsions et les assassinats liés au crime organisé.
Le Congrès, lui aussi largement discrédité, souffre d’une image d’institution corrompue et déconnectée du peuple. Cette crise de légitimité alimente un cercle vicieux de protestations récurrentes, traduisant un malaise social profond dans un pays qui reste, malgré ses richesses minières et agricoles, fragilisé par les inégalités et l’instabilité politique.