21 septembre 2025 – Sous la pression croissante de l’opinion publique internationale et face à l’horreur persistante à Gaza, trois piliers du bloc occidental – le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie – ont annoncé la reconnaissance officielle de l’État de Palestine. Présentée comme une décision « historique », cette reconnaissance suscite autant d’espoirs que de doutes quant à sa sincérité et à son impact réel.
À Londres, le Premier ministre Keir Starmer s’est voulu l’homme d’État courageux, affirmant que son pays reconnaissait la Palestine pour « raviver l’espoir de paix et d’une solution à deux États ». Il a dénoncé la famine, les bombardements sur Gaza et la colonisation en Cisjordanie. À Ottawa, le Premier ministre canadien Mark Carney a promis de travailler « en partenariat » avec Israël et la Palestine pour « un avenir pacifique », tandis qu’à Canberra, Anthony Albanese a évoqué les « aspirations légitimes du peuple palestinien ».
Ces mots solennels sonnent toutefois creux lorsqu’on se rappelle le silence prolongé – voire la complicité implicite – de ces mêmes gouvernements face à des décennies d’occupation, de colonisation et de violations flagrantes du droit international.
Cette reconnaissance rompt avec la doctrine occidentale classique : il ne s’agit plus d’attendre un accord de paix hypothétique pour légitimer l’État palestinien. Mais la question demeure : pourquoi maintenant, après tant d’années de veto, d’atermoiements et de complaisance envers Israël ?
Deux éléments semblent éclairer cette volte-face. D’une part, l’opinion publique mondiale, écœurée par les massacres quotidiens à Gaza, réclame des gestes forts. D’autre part, Londres, Ottawa et Canberra cherchent à sauver la face et à se repositionner diplomatiquement alors que l’isolement d’Israël devient de plus en plus manifeste sur la scène internationale.
Le politologue palestinien Rida Abu Rass résume cette contradiction : « La reconnaissance est importante, mais elle arrive après trop de morts, trop de destructions. Ces pays rompent avec Washington sur la forme, mais sans pressions concrètes, rien ne changera réellement. »
Le contraste est saisissant : le jour même de ces annonces, 55 Palestiniens ont péri dans de nouvelles frappes israéliennes, dont 37 à Gaza. Une tragédie qui rappelle que la reconnaissance, aussi lourde symboliquement soit-elle, ne sauve aucune vie, ne protège aucun civil et n’arrête ni les bombes ni les bulldozers.
La France et le Portugal pourraient bientôt emboîter le pas, laissant entrevoir une dynamique diplomatique. Mais l’histoire jugera ces initiatives non sur les discours, mais sur leur capacité à transformer les mots en actes.
Et pendant que l’Occident bouge – tardivement –, que fera l’Algérie ? On se souvient qu’en février dernier, Abdelmadjid Tebboune déclarait dans une interview à L’Opinion : « Bien sûr, le jour même où il y aura un État palestinien, l’Algérie reconnaîtra Israël. »
Si ces propos n’étaient pas pure rhétorique, le 22 septembre, jour probable de la reconnaissance française de la Palestine, Alger devrait logiquement annoncer la reconnaissance d’Israël et ouvrir une ambassade à Tel-Aviv.
Mais l’Algérie continuera vraisemblablement à brandir la cause palestinienne comme un étendard, dénonçant la « trahison » d’autres pays ayant normalisé leurs relations avec Israël. Pendant ce temps, l’Occident, malgré ses maladresses, tente de briser le statu quo. L’Algérie, elle, s’enferme dans l’immobilisme, prisonnière de ses dogmes et d’une opinion publique qu’elle a elle-même radicalisée.
En définitive, la reconnaissance de la Palestine par Londres, Ottawa et Canberra ouvre un espace politique réel. Mais sans actions concrètes, elle risque de n’être qu’un symbole. Quant à l’Algérie, qui se proclame championne des opprimés, elle esquive ses propres engagements. Entre hypocrisie et inertie, la Palestine reste la grande oubliée : bombardée, affamée, colonisée.