Antananarivo, 30 septembre 2025 – Face à une vague de manifestations meurtrières, le président malgache Andry Rajoelina a annoncé le 29 septembre la dissolution de son gouvernement et s’est engagé à nommer un nouveau Premier ministre dans les trois jours à venir, selon un communiqué relayé par CCTV News. Cette décision intervient après une semaine de contestation populaire sans précédent dans l’histoire récente de Madagascar.
Depuis jeudi, des milliers de jeunes manifestants, principalement issus de la génération Z et mobilisés via les réseaux sociaux, sont descendus dans les rues d’Antananarivo et d’autres grandes villes, vêtus de noir et scandant « Miala Rajoelina » (« Rajoelina, dégage »). Initialement motivées par les coupures répétées d’eau et d’électricité, les manifestations ont rapidement évolué en un mouvement plus large dénonçant la corruption, les inégalités sociales et la mauvaise gouvernance.
Les affrontements avec les forces de l’ordre ont été violents. Selon l’ONU, au moins 22 personnes ont été tuées et plus d’une centaine blessées, victimes des interventions policières, mais également des pillages et violences perpétrés par des groupes tiers. Plusieurs domiciles de parlementaires proches du pouvoir ont été incendiés, et un député d’un petit parti d’opposition a été arrêté.Les manifestations ne se limitent pas à la capitale : des rassemblements sont également signalés à Antsiranana, Fianarantsoa, Toliara et Toamasina.
Cette crise rappelle l’histoire tumultueuse de Madagascar depuis son indépendance en 1960, marquée par des soulèvements populaires et des changements de pouvoir par la rue, comme en 2009 lorsque le président Marc Ravalomanana avait été renversé. Andry Rajoelina, ancien maire d’Antananarivo, avait alors pris le pouvoir avant d’être élu président en 2018 puis réélu en 2023 lors d’un scrutin contesté.
Malgré ses richesses naturelles, Madagascar reste l’un des pays les plus pauvres du monde. Selon la Banque mondiale, près de 75 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2022, et le pays est classé 140e sur 180 dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International.
La dissolution du gouvernement par Rajoelina constitue un geste politique fort, mais de nombreux observateurs estiment qu’elle ne suffira pas à apaiser la jeunesse malgache, déterminée à obtenir des réformes profondes et à mettre fin à un système politique jugé corrompu et inéquitable. L’issue de cette crise pourrait marquer un tournant décisif pour l’avenir de l’île, où la population réclame justice, transparence et un véritable changement.