Lima, 10 octobre 2025 — Nouveau séisme politique au Pérou. Le Parlement a destitué la présidente Dina Boluarte pour « incapacité morale permanente », mettant fin à un mandat miné par les scandales et les accusations de corruption. En quelques heures, le président du Congrès, José Jeri Ore, 38 ans, a prêté serment comme président par intérim, promettant de « déclarer la guerre au crime organisé » et de restaurer la stabilité d’un pays plongé dans la crise.
Le parquet péruvien a aussitôt demandé à la justice d’interdire à l’ex-cheffe d’État de quitter le territoire pendant la durée des enquêtes ouvertes pour corruption, blanchiment d’argent et abus de pouvoir.
« Cette mesure vise à garantir la présence de Mme Boluarte pendant le déroulement du processus pénal et à prévenir une éventuelle fuite du territoire national », a précisé le ministère public dans un communiqué.
Dina Boluarte, 63 ans, quitte le pouvoir dans la disgrâce. Depuis son accession à la présidence en décembre 2022, après la destitution de Pedro Castillo, elle a accumulé les controverses :
le “Rolexgate”, affaire de montres et bijoux de luxe non déclarés ;une rhinoplastie pratiquée en secret en 2023, non signalée au Parlement ;et surtout, des soupçons de financement illégal du parti Perú Libre, fondé par Vladimir Cerrón, aujourd’hui en fuite, ainsi que des nominations de complaisance dans la Sécurité sociale.
Avec sa destitution, Dina Boluarte perd toute immunité et s’expose à d’éventuelles poursuites judiciaires susceptibles de la conduire en prison — un sort déjà réservé à plusieurs anciens présidents, dont Alejandro Toledo, Ollanta Humala et Pedro Castillo.
Le nouveau chef d’État, José Jeri Ore, membre du parti centriste Somos Perú, a été élu président du Parlement en juillet dernier. Conformément à la Constitution, il assurera la transition jusqu’aux élections générales d’avril 2026.
Dans son discours d’investiture, il a promis un retour à l’ordre :« Le crime organisé est devenu le principal ennemi du pays. Mon gouvernement lui livrera une guerre sans merci. »
Le Pérou est aujourd’hui confronté à une explosion de la criminalité , extorsions, enlèvements et assassinats se multiplient, alimentant un profond sentiment d’insécurité et de colère populaire.
Dans les rues de Lima, des centaines de manifestants ont célébré la chute de Boluarte devant le Parlement, agitant des drapeaux et scandant « Dina dégage ! ». Une pancarte résumait l’exaspération générale : « À bas le pacte mafieux ! »
Cette nouvelle destitution confirme la fragilité chronique des institutions péruviennes. En vingt ans, le pays a connu quatorze chefs d’État, dont plusieurs ont fini en prison ou en fuite.
Selon un sondage Ipsos, Dina Boluarte quitte le pouvoir avec 96 % de désapprobation, un record historique. Sa chute symbolise un pays à bout de souffle, où la démocratie vacille au rythme des scandales et des crises politiques répétées.