New York, 5 novembre 2025 —À seulement 34 ans, Zohran Mamdani, démocrate socialiste et fils de la réalisatrice indienne Mira Nair, a remporté l’élection municipale de New York avec 50,4 % des voix, devançant largement Andrew Cuomo, ancien gouverneur de l’État, et le républicain Curtis Sliwa. Il devient ainsi le plus jeune maire de la ville depuis 1892, le premier maire musulman et le premier d’origine africaine et indienne à diriger la capitale financière du monde.
« Le futur est entre nos mains. Nous respirons l’air d’une cité qui vient de renaître », a déclaré Mamdani devant une foule en liesse réunie au Brooklyn Paramount Theatre, aux côtés de sa mère Mira Nair et de son épouse Rama Duwaji, d’origine syrienne.
Son discours de victoire, empreint d’émotion et d’histoire, a fait écho à celui de Jawaharlal Nehru, « Rendez-vous avec le destin », prononcé lors de l’indépendance de l’Inde en 1947 — un clin d’œil à ses racines et à son engagement universaliste.
L’ancien député d’Astoria (Queens), quasiment inconnu du grand public il y a un an, a réussi l’impossible : renverser les poids lourds du parti démocrate et mobiliser une coalition électorale populaire, jeune et multiculturelle. Sa campagne, menée sans le soutien des grands donateurs ni des élites du parti, s’est appuyée sur une organisation de terrain et un usage habile des réseaux sociaux.
Porté par un discours anti-élitiste et une rhétorique de justice économique, Mamdani a centré sa campagne sur la réduction du coût de la vie, la taxation des grandes fortunes et la défense des services publics.
Proche de figures progressistes comme Alexandria Ocasio-Cortez et Bernie Sanders, il défend un socialisme démocratique ancré dans la justice sociale, la transition écologique et la lutte contre les discriminations.
Il s’est souvent positionné contre les interventions militaires américaines et a critiqué la politique israélienne à Gaza, déclarant même qu’il considérerait Benjamin Netanyahu comme criminel de guerre s’il se rendait à New York.
Ces prises de position, audacieuses dans un contexte national polarisé, lui valent à la fois l’admiration de la gauche radicale et la méfiance des milieux conservateurs.
Mais si la victoire est éclatante, les obstacles qui attendent Mamdani sont redoutables.Le président Donald Trump, revenu à la Maison-Blanche en janvier 2025, a déjà menacé de suspendre les fonds fédéraux destinés à la ville, accusant Mamdani de vouloir transformer New York en « laboratoire du socialisme ».
Les républicains comptent bien exploiter la moindre faille économique ou sécuritaire pour discréditer le nouveau maire.
Sur le plan local, Mamdani devra aussi composer avec les intérêts puissants de Wall Street, les syndicats de police, et une administration municipale complexe.
Son prédécesseur, Bill de Blasio, élu sur une promesse similaire de justice sociale, avait fini son mandat dans un climat d’usure et de désillusion.



























