Ce qui devait être une courte marche entre le Palais national et le ministère de l’Éducation s’est transformé en un moment d’humiliation publique pour la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, première femme élue à la tête du pays. Une vidéo devenue virale montre un homme ivre s’approchant d’elle, posant ses mains sur sa poitrine et tentant de l’embrasser dans le cou, avant d’être finalement arrêté.
Lors de sa conférence de presse matinale, Sheinbaum a confirmé avoir déposé plainte contre l’agresseur, identifié comme Uriel Rivera, et a promis d’engager une réflexion nationale sur la législation du harcèlement sexuel. « Je me sens responsable. Si cela arrive à la présidente, qu’adviendra-t-il des jeunes femmes qui n’ont ni protection ni pouvoir ? » a-t-elle déclaré, visiblement émue.
L’incident a provoqué un vif émoi au Mexique, où la violence de genre demeure un fléau endémique. Selon l’ONU, 70 % des Mexicaines de plus de 15 ans ont subi une forme de violence au moins une fois dans leur vie, et dix femmes sont tuées chaque jour dans le pays.
Sheinbaum a rappelé qu’elle-même avait été victime de harcèlement dès l’âge de douze ans dans les transports en commun, insistant sur la nécessité de briser le silence : « J’ai porté plainte non seulement en tant que présidente, mais en tant que femme parmi des millions d’autres qui vivent la même chose. »
La scène, filmée sans intervention immédiate d’agents de sécurité, a suscité des interrogations sur le dispositif de protection de la présidente. Mais Sheinbaum a refusé toute surenchère sécuritaire : « Je veux continuer à marcher librement, comme n’importe quelle femme devrait pouvoir le faire. »
Cette position courageuse a été saluée par Clara Brugada, maire de Mexico, qui a souligné que « le harcèlement d’une femme, fut-elle présidente, est une atteinte à toutes les femmes du Mexique ».
La cheffe de l’État a annoncé l’ouverture d’un chantier législatif visant à unifier les lois sur le harcèlement sexuel dans les 32 États du pays, dont plusieurs n’en reconnaissent toujours pas le caractère pénal. « Il est temps que ce comportement soit puni partout. Le gouvernement va proposer une réforme nationale et lancer une campagne de sensibilisation », a-t-elle précisé.
La ministre chargée des Femmes, Citlali Hernández, a publié un communiqué de soutien, dénonçant la « vision machiste » et la « banalisation des intrusions dans le corps des femmes ».
En choisissant de porter plainte publiquement, Claudia Sheinbaum transforme une agression personnelle en un acte politique majeur. Son message est clair : aucune femme, quel que soit son rang, ne doit tolérer l’humiliation, le toucher non consenti ou la violence.


























