Plusieurs États du Conseil de coopération du Golfe CCG ont déposé des protestations diplomatiques contre les commentaires du ministre par intérim qui semblaient suggérer que le Golfe était responsable de l’Etat islamique.
Le vice-premier ministre par intérim du Liban et ministre de la Défense a été nommé pour remplacer Charbel Wehbe, le ministre des Affaires étrangères par intérim qui a démissionné plus tôt dans la journée après avoir déclenché une dispute diplomatique avec le CCG.
Le président Michel Aoun et le premier ministre par intérim Hassan Diab ont signé un décret nommant Zeina Akar comme ministre des Affaires étrangères par intérim quelques heures après que M. Wehbe ait demandé aux deux responsables de le relever de ses fonctions.
Dans une interview televisée cette semaine, M. Wehbe a semblé suggérer que les États du Golfe étaient responsables de la montée de l’Etat islamique en Irak et en Syrie, conduisant l’Arabie saoudite, le Koweït, Bahreïn et les Émirats arabes unis à convoquer les représentants libanais dans leurs pays pour exprimer leur indignation.
« Le président Aoun a reçu le ministre des Affaires étrangères Charbel Wehbe qui lui a remis une lettre lui demandant de le relever de ses fonctions », a tweeté mercredi la présidence libanaise.
«À la lumière des développements récents et des circonstances qui ont accompagné l’interview… et comme je tiens à faire en sorte que mes propos ne soient pas exploités pour offenser le Liban et les Libanais… j’ai présenté [au président Michel Aoun] une demande d’être relevé de mes devoirs et mes responsabilités en tant que ministre des Affaires étrangères », a déclaré M. Wehbe, cité par le bureau du président.
Dans l’interview de lundi, il a accusé «des pays d’amour, d’amitié et de fraternité» de «planter Daech dans les plaines de Ninive et d’Anbar et Palmyre», en référence au territoire saisi par les extrémistes en Syrie et en Irak en 2014.
Interrogé par l’animateur de télévision s’il faisait référence aux États du Golfe, M. Wehbe a refusé de nommer un pays.
M. Wehbe, autrefois conseiller diplomatique de M. Aoun, a également appelé un invité saoudien de l’émission un Bédouin pour ce qu’il a qualifié d’insultes dirigées contre M. Aoun.
Ses remarques ont incité l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Koweït et Bahreïn mardi à convoquer les ambassadeurs libanais pour qu’ils déposent une protestation officielle contre ces commentaires.
Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale des EAU « a vivement dénoncé les déclarations désobligeantes et racistes [faites par M. Wehbe]… contre le Royaume d’Arabie saoudite et d’autres États du CCG ».
Le ministère a déclaré que les commentaires de M. Wehbe «vont à l’encontre de toutes les normes diplomatiques et sont incompatibles avec les relations historiques entre le Liban et tous les États du CCG».
Outre l’indignation diplomatique, les commentaires ont suscité une vive réprimande de la part des rivaux politiques de M. Aoun, le Premier ministre désigné Saad Hariri mettant en garde contre les répercussions sur les relations déjà tendues du Liban avec les États arabes.
Mais mercredi, l’ambassadeur saoudien au Liban, Walid Al Bukhari, a démenti les informations selon lesquelles le royaume prévoyait de riposter en expulsant des résidents libanais.
Ses remarques font suite aux visites de responsables libanais et de personnalités religieuses à l’ambassade saoudienne pour exprimer leur solidarité avec le royaume.
M. Al Bukhari a rencontré le ministre par intérim de l’Intérieur Mohamed Fehmi et le mufti Abdelatif Derian, le plus haut dirigeant religieux sunnite du Liban, et une délégation des Forces libanaises, l’un des principaux partis chrétiens du pays parmi d’autres politiciens. Les réunions ont eu lieu dans une structure en forme de tente érigée dans les locaux de l’ambassade saoudienne.
La querelle diplomatique avec les États du Golfe, alliés traditionnels du Liban, menace d’aggraver encore les difficultés économiques du pays. La crise économique et financière qui ravage le pays depuis 2019 laisse plus de la moitié de la population dans la pauvreté.
La communauté internationale, y compris les États arabes, a exhorté le dirigeant liban