Le président turc n’a pas remis les pieds en Arabie saoudite depuis 2017 et cette visite n’aurait pas été possible si l’affaire Khashoggi n’avait pas été classée ce mois-ci.
Recep Tayyip Erdogan a entamé à Djeddah une visite de deux jours en Arabie saoudite, qui vise à renverser une décennie de mauvaises relations. Celles-ci ont touché le fond en 2018, lorsque le journaliste saoudien Jamal Khashoggi a été assassiné dans le consulat saoudien à Istanbul et que les services secrets turcs ont divulgué la vérité, au grand embarras du prince héritier Mohamed ben Salmane.
D’où l’attente avant la rencontre entre l’homme fort du royaume et le président turc, qui devra également saluer le roi Salmane – qui est malade – avant de poursuivre vers la Mecque, en ces derniers jours de ramadan.
Le pragmatisme et la nécessité conduisent le gouvernement turc à réparer les relations qui se sont le plus détériorées depuis le printemps arabe. Ils ont en commun d’avoir tous eu une bien meilleure relation avec Donald Trump qu’avec l’actuel président des États-Unis.
D’autre part, Erdogan a un besoin urgent d’investissements pour créer des emplois, immobiliser la livre turque – qui s’est dépréciée de 44 % l’an dernier – et contenir l’inflation, qui dépasse déjà 61, un an avant les élections.
De sa part, Erdogan a déclaré que sa visite « s’inscrit dans la volonté commune d’inaugurer une nouvelle ère de coopération, en tant que pays frères ».
Le soutien d’Ankara au Qatar face au blocus imposé par ses voisins arabes – aujourd’hui surmonté – a provoqué le veto officieux du royaume sur la plupart des importations turques et même sur leurs séries.
Après avoir déjà reçu le président d’Israël, Erdogan a encore le goût amère de serrer la main du général égyptien Al Sisi, ennemi juré des Frères musulmans.