Le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé, le 25 août, un remaniement ministériel spectaculaire, remplaçant 19 ministres, dont des figures clés comme les ministres des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Économie. Cette décision, précipitée juste avant l’élection présidentielle du 6 octobre, s’inscrit dans un schéma inquiétant de concentration du pouvoir et de déstabilisation des institutions démocratiques.
Le timing de ce remaniement est suspect : il intervient à peine un mois avant les élections présidentielles. Ce mouvement stratégique semble moins une réponse à des besoins de gouvernance qu’une tentative de consolider le pouvoir de Saïed dans un contexte où son autorité est de plus en plus contestée. En remplaçant des figures clés du gouvernement, Saïed cherche probablement à s’assurer que son administration soit en harmonie avec ses objectifs politiques personnels et ses ambitions pour le scrutin à venir.
Kaïs Saïed, au pouvoir depuis 2019, a progressivement démantelé les institutions démocratiques tunisiennes, concentrant les pouvoirs exécutifs et législatifs entre ses mains. Depuis son coup de force du 25 juillet 2021, il a mis en place un régime ultraprésidentialiste, réduisant le Parlement à une coquille vide. Le remaniement ministériel s’inscrit dans cette dynamique de concentration du pouvoir, remplaçant les ministres par des alliés loyaux et consolidant ainsi son contrôle sur l’administration et l’appareil d’État.
La Tunisie fait face à une crise économique sévère, avec des pénuries alimentaires et pharmaceutiques croissantes. Plutôt que de s’attaquer à ces problèmes de front avec des politiques économiques substantielles, Saïed semble utiliser le remaniement comme un outil de diversion, éloignant les regards des véritables enjeux qui touchent la population tunisienne. Ce changement de personnel ne résoudra pas les problèmes fondamentaux auxquels le pays est confronté ; il semble davantage être une tentative de contrôler le récit politique et d’éviter les critiques croissantes.
L’absence de véritable opposition politique, avec de nombreux candidats d’opposition emprisonnés ou empêchés de se présenter, montre une fois de plus la dérive autoritaire du régime de Saïed. En éliminant les rivaux potentiels et en utilisant les institutions de l’État pour servir ses propres intérêts, il transforme le processus électoral en une simple formalité, déniant aux Tunisiens le droit à une véritable compétition démocratique.
Le remaniement ministériel orchestré par Kaïs Saïed est un révélateur alarmant de la dérive autoritaire croissante en Tunisie. Loin de répondre aux véritables besoins du pays ou d’améliorer la gouvernance, il semble s’inscrire dans une stratégie de renforcement du pouvoir personnel. La communauté internationale et les citoyens tunisiens doivent rester vigilants face à ces développements, qui menacent non seulement la démocratie tunisienne, mais également la stabilité et le bien-être du pays.