L’annonce de la réintégration de l’ex-ministre Mondher Zenaïdi dans la course présidentielle tunisienne est loin d’être une simple décision administrative. Elle représente une véritable onde de choc dans un paysage politique déjà fragilisé par les tensions et les dérives autoritaires de ces dernières années. L’ancien ministre du régime Ben Ali, symbole d’un passé que beaucoup cherchent à dépasser, revient sur le devant de la scène dans un contexte où la démocratie tunisienne est mise à rude épreuve.
Le retour de Zenaïdi, soutenu par un tribunal qui a annulé la décision de l’ISIE, souligne l’incertitude qui règne sur l’intégrité du processus électoral. Tandis que le président Saied semble prêt à tout pour maintenir son emprise sur le pouvoir, l’inclusion de Zenaïdi pourrait bien redessiner les équilibres en faveur des forces d’opposition, notamment celles qui n’ont jamais totalement renoncé à l’héritage de Ben Ali.
La décision du tribunal ne fait pas qu’ouvrir la voie à une candidature supplémentaire; elle envoie un message clair à Saied et à ses partisans : la lutte pour la présidence sera acharnée, et tous les coups, y compris ceux venant du passé, seront permis. Zenaïdi, 73 ans, n’est pas seulement un candidat expérimenté, il est aussi le porteur d’une nostalgie que certains électeurs, lassés des promesses non tenues de la révolution, pourraient bien embrasser. En outre, son alliance potentielle avec les principaux partis d’opposition, dont Ennahda, pourrait amplifier sa portée électorale et fragmenter encore davantage le soutien à Saied.
Cependant, cette réintégration ne doit pas être vue uniquement sous l’angle de la stratégie électorale. Elle illustre les faiblesses profondes de l’ISIE, qui se retrouve maintenant sous les feux des critiques pour son manque de neutralité. Les accusations d’intimidation et de manipulation des candidatures par les autorités viennent renforcer l’idée que l’élection à venir pourrait être bien plus qu’un simple exercice démocratique. Elle pourrait se transformer en un véritable champ de bataille où le passé et le présent se livrent un combat acharné pour l’avenir de la Tunisie.
En définitive, la réadmission de Mondher Zenaïdi dans la course présidentielle pourrait bien être le déclencheur d’une campagne où les enjeux dépassent de loin la simple question de qui occupera le palais de Carthage. C’est une lutte pour l’âme même de la Tunisie, un pays tiraillé entre ses aspirations démocratiques et les fantômes d’un passé autoritaire qui refuse de mourir.