La violence qui s’est abattue sur un officier de la Garde nationale tunisienne dans la ville de Monastir le 26 décembre 2024, où le frère d’un présumé « terroriste » l’a poignardé lors d’une opération d’arrestation, soulève de multiples questions sur la persistance et l’évolution de la menace jihadiste en Tunisie, ainsi que sur les réponses des autorités face à cette radicalisation. L’incident révèle, en effet, non seulement la violence extrême des groupes djihadistes, mais aussi l’implication de proches des suspects dans des actes violents, une dynamique inquiétante qui complique le travail des forces de l’ordre.
Tout d’abord, la nature de l’agression, où un frère s’attaque à un membre des forces de sécurité au moment de l’arrestation de son parent, fait écho à une réalité trouble : la famille peut devenir un terrain fertile pour la radicalisation, surtout dans des contextes où les individus se sentent exclus ou réprimés. L’attaque souligne la difficulté des autorités tunisiennes à lutter contre une menace profondément enracinée dans certaines couches sociales, où l’extrémisme religieux et la révolte contre les institutions semblent se renforcer au fil du temps.
De plus, cet incident intervient dans un contexte plus large de lutte contre le terrorisme, dans lequel la Tunisie a été confrontée à des vagues de violences jihadistes depuis la révolution de 2011. Si l’État a fait des progrès dans la lutte contre ces groupes, comme le soulignent les autorités, cet événement rappelle que les défis demeurent colossaux. L’attaque de Monastir est révélatrice d’une résilience de l’extrémisme qui, même s’il a été partiellement mis à mal par les efforts sécuritaires, continue d’influer sur la société tunisienne. Cela pourrait suggérer que, malgré les avancées en matière de sécurité, les racines sociales et idéologiques du terrorisme ne sont pas encore totalement éradiquées.
L’autre aspect préoccupant de cet incident réside dans la nature de l’opération d’arrestation elle-même. Les autorités, tout en cherchant à éliminer les menaces terroristes, semblent parfois se retrouver face à un dilemme complexe : jusqu’où peuvent-elles intervenir dans des environnements communautaires déjà fragilisés par des tensions politiques et sociales ? L’interpellation des suspects est un acte nécessaire pour la sécurité nationale, mais l’escalade de la violence, comme le montre cet incident, pourrait remettre en question la manière dont ces opérations sont menées
Cet événement zoom sur les contradictions et les défis d’un pays comme la Tunisie en transition, où la quête de sécurité et de stabilité se heurte à des tensions profondes issues de la radicalisation, du manque d’opportunités sociales, et d’un héritage de répression sous le régime de Ben Ali. La question qui se pose alors est de savoir si la Tunisie pourra réellement surmonter cette crise de l’extrémisme ou si elle sera confrontée à d’autres violences similaires dans un avenir proche.