La situation des migrants tunisiens dans les prisons italiennes est devenue de plus en plus préoccupante ces dernières années, avec une hausse alarmante des suicides parmi les détenus. En 2024, dix suicides ont été signalés, un chiffre inquiétant qui met en lumière les conditions de détention difficiles et les souffrances psychologiques vécues par ces migrants. Cette tragédie a été portée à l’attention du public par Majdi Karbai, ancien député tunisien et militant des droits humains, ainsi que par de nombreuses ONG tunisiennes. Ces organisations dénoncent depuis longtemps les mauvais traitements infligés aux migrants tunisiens dans les prisons italiennes, ainsi que les conditions dégradantes et violentes dans lesquelles ils sont détenus.
Les prisons italiennes sont connues pour leur surpopulation, leur mauvaise gestion et leurs conditions de vie insalubres. Les migrants incarcérés y font face à des violences physiques et psychologiques quotidiennes, souvent exacerbées par l’isolement et le manque d’accès à des soins médicaux appropriés. Une enquête menée en 2022 par l’organisation Avocats sans frontières a révélé que 88% des migrants tunisiens récemment renvoyés en Tunisie après leur incarcération en Italie avaient subi des abus. Ces violences, qui passent souvent inaperçues et sont rarement sanctionnées, aggravent la détresse psychologique des détenus et créent un environnement propice à l’automutilation et au suicide.
Le décès de Fadi Ben Sassi, un jeune migrant tunisien de 20 ans, en novembre 2024, est particulièrement représentatif de la tragédie qui frappe ces détenus. Bien que sa mort ait été officiellement attribuée à un suicide, les circonstances demeurent floues, et des doutes subsistent quant aux conditions de sa détention et aux soins qu’il a reçus. Un autre décès similaire a eu lieu en mars 2024, mais ces tragédies n’ont pas été suffisamment enquêtées, et les autorités tunisiennes et italiennes ont été accusées de rester silencieuses, renforçant ainsi l’idée d’une négligence systémique.
Cette situation s’aggrave dans le contexte d’une politique migratoire européenne de plus en plus restrictive, qui laisse les migrants dans une situation de vulnérabilité extrême. L’absence d’un soutien juridique adéquat et d’un accès aux soins nécessaires dans les prisons italiennes empêche les migrants de faire face à leurs traumatismes. Ceux qui arrivent en Italie après avoir enduré des violences et des conditions de vie difficiles dans leurs pays d’origine sont souvent laissés à leur sort dans un environnement carcéral encore plus hostile.
En parallèle à ces tragédies en prison, les risques auxquels font face les migrants en Méditerranée continuent de croître. Le naufrage de deux bateaux au large des côtes tunisiennes le 2 janvier 2025, qui a coûté la vie à de nombreux migrants subsahariens tentant de rejoindre l’Europe, illustre l’ampleur de la crise migratoire. Ces drames en mer et en prison témoignent du désespoir croissant des migrants, qui, dans leur quête d’une vie meilleure, se retrouvent pris entre deux formes de violence et de souffrance