Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, a effectué une visite historique à Beyrouth ce jeudi. Cette visite intervient après plus de quinze années de tensions politiques et diplomatiques entre les deux pays.
Le ministre a été accueilli à son arrivée à l’aéroport international Rafic Hariri par Abdallah Bou Habib, ministre libanais des Affaires étrangères sortant, et Walid Boukhari, ambassadeur saoudien au Liban. Peu après, Fayçal ben Farhane s’est rendu au palais présidentiel de Baabda pour une rencontre avec le président Joseph Aoun, récemment élu. Ce dernier a joué un rôle clé dans la reprise du dialogue avec Riyad.
Lors de son entretien avec le président Aoun, le ministre saoudien a exprimé son optimisme quant à la capacité des dirigeants libanais à mener à bien les réformes nécessaires. Il a réitéré le soutien du royaume au processus de reconstruction économique, soulignant que ces réformes sont essentielles pour attirer les investissements internationaux et garantir un avenir stable au Liban.
En outre, Fayçal ben Farhane a insisté sur l’application de la résolution 1701 des Nations unies, qui prévoit notamment le retrait complet des forces israéliennes des territoires occupés au Liban-Sud et le déploiement de l’armée libanaise dans ces zones. Il a également salué la trêve instaurée en novembre 2024, qui marque une étape décisive vers la stabilisation de la région.
Le président libanais Joseph Aoun a qualifié la visite du ministre saoudien de « message d’espoir » pour le peuple libanais. Il a exprimé sa gratitude envers Riyad pour son soutien continu, notamment pour avoir joué un rôle dans la résolution de la vacance présidentielle prolongée. M. Aoun a également réaffirmé son engagement en faveur d’une « politique de neutralité positive » et d’une reconstruction basée sur des principes de souveraineté et de respect des institutions nationales.
Le président a rappelé que son mandat vise à garantir « le monopole des armes à l’État », une déclaration qui fait écho aux tensions persistantes autour de l’armement du Hezbollah. Il a en outre souligné l’importance de rétablir des relations solides avec les pays arabes, affirmant que le Liban doit retrouver sa place naturelle au sein de la région.
En marge de sa visite, Fayçal ben Farhane a rencontré plusieurs personnalités clés de la politique libanaise, notamment Nabih Berry, président du Parlement, et Nagib Mikati, Premier ministre sortant. Ces rencontres ont été l’occasion d’évoquer les défis auxquels le Liban est confronté, ainsi que les moyens de renforcer les partenariats bilatéraux.
Le ministre saoudien s’est également entretenu avec Nawaf Salam, Premier ministre désigné, à qui il a réitéré l’importance de privilégier l’intérêt national. M. Salam a affirmé qu’il est déterminé à mettre en œuvre des réformes politiques, administratives et économiques, tout en œuvrant à restaurer le rôle du Liban dans la région.
Les relations entre le Liban et l’Arabie saoudite ont été marquées par des tensions croissantes au cours de la dernière décennie. L’influence grandissante du Hezbollah, considéré comme un groupe proche de l’Iran, a suscité des inquiétudes à Riyad, qui avait suspendu en 2016 une aide de trois milliards de dollars destinée à l’armée libanaise. Des épisodes comme la démission de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, annoncée depuis Riyad eniban : 2017,avaient encore accentué les désaccords, laissant les relations entre les deux pays dans une impasse. Ces tensions ont également été exacerbées par les crises économiques, sociales et politiques qui ont frappé le Liban, notamment l’effondrement financier de 2019, la tragédie de l’explosion au port de Beyrouth en 2020, et la vacance prolongée.
Pour le Liban, cette visite revêt une importance capitale. Le pays, plongé dans une crise économique sans précédent, espère bénéficier d’un soutien accumulé des pays du Golfe, notamment en matière d’investissements et d’assistance financière.