La crise migratoire en Libye continue de révéler des tragédies humaines de grande ampleur. Le jeudi 7 février 2025, les forces de sécurité libyennes et le Croissant-Rouge libyen ont annoncé la découverte des corps d’au moins 29 migrants dans deux sites distincts du pays. Ces nouvelles découvertes viennent encore souligner les dangers mortels auxquels sont confrontés les migrants tentant de traverser la Libye pour rejoindre l’Europe.
Dans la région de Jikharra, située à environ 441 kilomètres à l’est de Benghazi, la direction de la sécurité du district d’Alwahat a découvert une fosse commune contenant les corps de 19 personnes. Selon les premiers éléments de l’enquête, ces décès seraient liés à des activités de contrebande et d’immigration clandestine.
Les autorités ont publié des images sur Facebook montrant des policiers et des volontaires du Croissant-Rouge de Jalu en train de récupérer les corps et de les placer dans des sacs en plastique noirs. La direction de la sécurité a précisé que ces dépouilles ont été retrouvées dans trois fosses distinctes : une contenant un seul corps, une autre quatre, et la dernière renfermant les 14 autres victimes. Tous les corps ont été transférés à un médecin légiste pour des analyses approfondies.
Selon la direction, ces corps sont liés à un réseau de passeurs bien connu des autorités, qui exploite la vulnérabilité des migrants dans la région. Cette affaire met en lumière l’ampleur du trafic humain en Libye, où les migrants sont fréquemment victimes de mauvais traitements, de détention arbitraire et, dans de nombreux cas, de violences extrêmes.
Pendant ce temps, sur la côte ouest de la Libye, une autre tragédie s’est déroulée au large du port de Dila, dans la ville de Zawiya, située à une quarantaine de kilomètres de Tripoli. Le Croissant-Rouge libyen a annoncé la découverte des corps de dix migrants après le naufrage de leur embarcation.
Les équipes de secours ont partagé des images poignantes montrant des volontaires plaçant les corps dans des sacs blancs sur un quai du port. Un bénévole était vu en train d’apposer des numéros sur l’un des sacs, une scène devenue tristement fréquente sur les côtes libyennes, où de nombreux migrants tentent la périlleuse traversée de la Méditerranée en quête d’un avenir meilleur en Europe.
Ce naufrage s’ajoute à une longue liste de tragédies similaires survenues en Méditerranée. Selon les ONG et les organismes internationaux, des milliers de migrants perdent la vie chaque année en tentant de franchir cette frontière maritime, souvent à bord d’embarcations de fortune mises à disposition par des passeurs peu scrupuleux.
La Libye est depuis des années un point de transit majeur pour les migrants venus d’Afrique subsaharienne. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, le pays est plongé dans un chaos politique et sécuritaire qui favorise l’essor des réseaux de passeurs et des trafiquants d’êtres humains.
Fin janvier, le département des enquêtes criminelles d’Alwahat avait déjà annoncé la libération de 263 migrants de différentes nationalités subsahariennes, qui étaient détenus par un gang de trafiquants dans des conditions déplorables. Ces migrants étaient enfermés dans des lieux insalubres, sans accès à des soins médicaux ni à une alimentation suffisante.
Face à cette crise, les ONG humanitaires appellent à une intervention accrue de la communauté internationale pour protéger les migrants et démanteler les réseaux de trafiquants. Toutefois, les efforts restent limités en raison de la situation politique instable en Libye et du manque de coordination entre les différentes factions qui contrôlent le territoire.