Ahmed Awad ben Moubarak, Premier ministre du gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale, a annoncé samedi 3 mai sa démission, invoquant des « difficultés profondes » dans l’exercice de ses fonctions. L’annonce a été confirmée par une dépêche de l’agence Reuters, relayant les propos du chef du gouvernement yéménite.
Dans un communiqué succinct, ben Moubarak a déclaré avoir été confronté à de nombreux obstacles durant son bref mandat, en particulier l’impossibilité de procéder à un remaniement gouvernemental pourtant jugé nécessaire dans un contexte de tensions internes croissantes. « J’ai servi le pays avec sincérité et détermination, mais les blocages institutionnels m’ont empêché de conduire les réformes indispensables à la stabilité et à l’unité du gouvernement », a-t-il expliqué.
Nommé Premier ministre le 5 février 2025 à la surprise générale, Ahmed ben Moubarak avait succédé à Maïn Abdelmalek Saïd, appelé à occuper un rôle de conseiller présidentiel. Sa désignation avait été perçue comme une tentative de donner un second souffle à un pouvoir exécutif miné par les divisions, l’instabilité et l’absence de consensus au sein même de la coalition gouvernementale.
Diplomate chevronné, ben Moubarak est connu pour son opposition résolue aux rebelles houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa depuis 2014. En 2015, il avait été brièvement enlevé par ces derniers, un épisode qui avait marqué un tournant dans sa carrière. Il avait ensuite occupé plusieurs postes clés, dont celui de chef de cabinet du président Abdrabbo Mansour Hadi, ministre des Affaires étrangères, puis ambassadeur du Yémen auprès des Nations unies à partir de 2018.
Sa démission intervient alors que le Yémen reste enlisé dans un conflit meurtrier opposant les forces loyalistes, soutenues par une coalition dirigée par l’Arabie saoudite, aux rebelles houthis, appuyés par l’Iran. Malgré plusieurs tentatives de médiation par l’ONU, aucune avancée significative n’a été enregistrée vers un règlement politique global.
La vacance de la primature pose la question de la continuité du pouvoir exécutif dans les zones sous contrôle gouvernemental, déjà fragilisées par des querelles internes, la corruption, et une insécurité persistante. Dans ce contexte, la communauté internationale, à commencer par les Nations unies et les pays du Golfe, appelle à la nomination rapide d’un successeur capable de restaurer la cohésion gouvernementale et de relancer les pourparlers de paix.
La démission d’Ahmed ben Moubarak est un nouveau signal d’alarme sur l’ampleur de la crise politique au Yémen. Alors que le pays traverse l’une des pires crises humanitaires au monde, cette instabilité chronique au sommet de l’État menace de plonger davantage encore les institutions dans la paralysie.