Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a intensifié les pressions sur les Kurdes en appelant à la mise en œuvre rapide de l’accord signé en mars entre les autorités syriennes et les représentants kurdes. Lors d’une conférence de presse à Ankara le 12 mai 2025, en marge d’un séminaire sur la coordination sécuritaire avec ses homologues turc et jordanien, Chaibani a averti que tout retard dans la mise en œuvre de cet accord risquait de prolonger le chaos en Syrie, un pays déjà plongé dans une guerre civile depuis 14 ans.
Cet accord, signé le 10 mars par le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh et Mazloum Abdi, le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), vise à intégrer les institutions kurdes dans l’État syrien. Cela concerne les vastes régions du nord et du nord-est de la Syrie, riches en ressources stratégiques comme le pétrole, le gaz et le blé, qui sont sous le contrôle des Kurdes depuis le retrait des forces du régime de Damas lors des premiers mois du conflit. L’accord représente un pas significatif vers l’unification de ces territoires avec le reste de la Syrie, mais son exécution reste semée d’embûches.
Les Kurdes, cependant, ont exprimé des réserves sur l’accord, rejetant en particulier la déclaration constitutionnelle qui accorde des pouvoirs étendus au président intérimaire, Ahmad al-Chareh. De plus, ils ont critiqué la formation du nouveau gouvernement, qu’ils estiment ne pas refléter la diversité de la Syrie ni reconnaître les spécificités de leur communauté. Leur mécontentement a entravé la mise en œuvre de l’accord et a soulevé des doutes sur l’avenir de l’intégration des institutions kurdes dans l’État syrien.
Chaibani a souligné la complexité et la sensibilité de l’accord, mais a insisté sur le fait qu’il était essentiel pour « unifier toutes les régions sous le contrôle de l’État central ». Il a averti que tout retard prolongerait la situation chaotique dans le pays, augmentant le risque d’interventions étrangères et alimentant des tendances séparatistes qui pourraient déstabiliser davantage la région. « L’unité du territoire syrien est non négociable », a-t-il martelé, tout en réaffirmant que « les droits des citoyens kurdes seront protégés et garantis au même titre que ceux des autres Syriens ».
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), longtemps considéré comme un ennemi majeur de la Turquie, a récemment annoncé sa dissolution, une décision qui pourrait avoir des répercussions sur les relations entre Damas et les Kurdes. Bien que les FDS n’aient pas réagi publiquement à cette dissolution, Chaibani a qualifié cet événement de « moment charnière » pour la stabilité de la région, suggérant qu’il pourrait influencer le rapprochement entre le régime syrien et les Kurdes.