Tripoli, 12 mai 2025 – La capitale libyenne Tripoli a basculé dans la violence lundi suite à l’assassinat présumé d’Abdel Ghani al-Kikli, dit « Gheniwa », commandant de l’Autorité de soutien à la stabilité (ASS). Cet assassinat, survenu lors d’une réunion à la base de la 444e brigade de combat dans le quartier d’Abou Salim, aurait été orchestré par Mahmoud Hamza, chef de cette brigade. Ce meurtre brutal a ravivé les craintes d’une nouvelle escalade de la violence dans un pays déjà déchiré par des fractures politiques et militaires profondes.
La mort d’al-Kikli, figure emblématique de l’ASS et de l’équilibre fragile entre les différentes milices libyennes, a déclenché une vague d’affrontements violents à Tripoli. Des tirs nourris et des explosions ont secoué plusieurs quartiers de la capitale, notamment Abou Salim, où les forces de sécurité et les milices rivales s’affrontaient sans merci. Dans la panique, des avions civils ont été évacués de l’aéroport de Mitiga, tandis que des tanks et des véhicules blindés étaient déployés dans les rues. Le ministère de l’Intérieur a exhorté les habitants à se confiner, tandis que les milices armées se déployaient dans la ville, exacerbant encore la tension.
Ce nouvel affrontement met en lumière la persistance de la fracture entre les différents blocs de pouvoir en Libye. Le pays reste divisé entre le gouvernement d’unité nationale (GUN) dirigé par Abdul Hamid Dbeibah, basé à Tripoli, et les forces du général Khalifa Haftar, qui contrôle la région est. En dépit d’un cessez-le-feu signé en 2020, la situation politique et militaire reste volatile, avec des luttes constantes pour le contrôle des institutions et des ressources du pays.
Le meurtre de Gheniwa a relancé une guerre de pouvoir entre ces factions rivales, certaines soutenues par des milices de Misrata, d’autres par les puissances étrangères qui tirent les ficelles de ce conflit interne. L’ASS, dirigée par al-Kikli, faisait partie des forces alignées avec le gouvernement de Dbeibah, mais les alliances entre milices libyennes sont souvent mouvantes et marquées par des rivalités anciennes, rendant toute tentative de paix incertaine.
Face à l’intensification des affrontements, la Mission d’Appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a exprimé sa vive préoccupation, appelant toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités. L’ONU a souligné que la violence dans des zones densément peuplées de Tripoli risquait de provoquer un grand nombre de victimes civiles, ce qui constituerait une violation des lois internationales de protection des civils en temps de guerre. La MANUL a réitéré l’importance de la désescalade et de la reprise du dialogue entre les factions libyennes, afin de préserver les maigres avancées vers une réconciliation politique.
Pour les civils, cette nouvelle vague de violence a exacerbé un quotidien déjà difficile. Les habitants de Tripoli, pris au piège des affrontements, se retrouvent une fois de plus dans l’incertitude et la peur. Les écoles ont été fermées, et de nombreuses familles se sont réfugiées dans leurs maisons, incapables de sortir en raison des tirs incessants. « Nous vivons sous la menace constante des balles et des explosions », confie un habitant du quartier d’Abou Salim. « Il n’y a aucune sécurité, aucun moyen de savoir ce qui se passe d’un jour à l’autre. »
Les appels à la désescalade risquent de rester sans effet tant que les puissantes milices continuent de dicter le cours des événements sur le terrain. Les civils, eux, demeurent les principales victimes de ce conflit interminable, prisonniers d’un futur incertain, où la paix reste une promesse éloignée.