Le commandant des Forces de soutien rapide (RSF), Mohamed Hamdan Dagalo, plus connu sous le nom de Hemedti, a été officiellement inculpé par le tribunal antiterroriste de Port-Soudan pour génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et pillages. Deux de ses frères, Abdel Rahim Dagalo, vice-commandant des RSF, et Al-Qoni Dagalo, responsable économique du groupe, figurent également parmi les 16 accusés poursuivis pour leur implication présumée dans les massacres du Darfour occidental, ainsi que dans l’assassinat de l’ancien gouverneur Khamis Abdullah Abkar.
Selon un communiqué du ministère public, le juge Mamoun Al-Khawad, président de la Cour antiterroriste et criminelle, a retenu des charges particulièrement graves à l’encontre des accusés, notamment en lien avec l’attaque d’El Geneina, capitale du Darfour occidental, le 15 avril 2023. Cette opération aurait visé spécifiquement la communauté masalit « en raison de son appartenance ethnique », entraînant la mort de milliers de personnes et le déplacement forcé de centaines de milliers d’autres vers le Tchad.
Le gouverneur Khamis Abkar, arrêté par les RSF le 14 juin 2023, a été exécuté sommairement. Son corps, retrouvé mutilé, a été filmé aux côtés de combattants des RSF dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, provoquant une onde de choc dans tout le pays.
Avant son assassinat, Abkar avait lancé un cri d’alarme public sur la situation dramatique à El Geneina : il évoquait des enterrements de masse improvisés, la destruction quasi-totale de la ville, et des blessés abandonnés, faute d’infrastructures médicales.
Parmi les autres inculpés figure Abdel Rahman Juma, un commandant local des RSF, accusé d’avoir dirigé l’assaut sur El Geneina et d’avoir ordonné des actes génocidaires, y compris l’inhumation de civils masalit alors qu’ils étaient encore vivants. D’autres sont poursuivis pour viols, tortures, pillages, et incitation au meurtre via les réseaux sociaux.
Le tribunal affirme fonder ses charges sur des preuves solides : les témoignages de 14 survivants et plusieurs enregistrements vidéo accablants.
Dès janvier 2025, les États-Unis avaient officiellement qualifié les actions des RSF et de leurs milices alliées de génocide, imposant des sanctions contre Hemedti, notamment l’interdiction d’entrée sur le sol américain et le gel de ses avoirs.
De nombreuses organisations internationales, telles que Human Rights Watch, ainsi que des rapports onusiens, ont depuis documenté des violations massives et systématiques des droits humains, ciblant notamment les communautés non arabes du Darfour.