Le 13 décembre 2025, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s’est rendu à Bagdad pour assister à la cérémonie officielle marquant la clôture de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Irak (MANUI, ou UNAMI en anglais). Après 22 ans d’existence, cette mission politique spéciale prendra fin le 31 décembre 2025, à la demande expresse du gouvernement irakien.
En présence de hauts responsables irakiens, dont le Premier ministre Mohammed Shia al-Sudani et le président du Parlement Mahmoud al-Mashhadani, Guterres a déclaré : « La MANUI a été honorée de travailler aux côtés du peuple irakien. » Il a tenu à préciser que la fin de cette mission politique « ne signifie pas la fin du rôle des Nations Unies en Irak », soulignant que l’ONU continuera à soutenir le pays dans les domaines de la paix, du développement durable et des droits de l’homme.
Lors d’une conférence de presse conjointe avec al-Sudani, Guterres a insisté sur un message central : « Il y a une chose que le monde doit comprendre : l’Irak est désormais un pays normal. Les relations entre l’ONU et l’Irak vont devenir des relations normales avec la fin de la MANUI. »
De son côté, le Premier ministre irakien a affirmé que cette clôture « ne signifie pas la fin du partenariat entre l’Irak et les Nations Unies, mais représente le début d’un nouveau chapitre », axé sur le développement économique, la croissance inclusive et l’appui technique. En geste symbolique, al-Sudani a annoncé qu’une rue de Bagdad serait renommée « Rue des Nations Unies », en hommage au travail accompli et à la mémoire des 22 membres du personnel onusien tués lors de l’attentat de 2003.
La MANUI a été créée en 2003 par la résolution 1500 du Conseil de sécurité, à la demande du gouvernement irakien, peu après l’invasion menée par les États-Unis qui a renversé le régime de Saddam Hussein. Son mandat, élargi en 2007, visait à soutenir la transition démocratique : conseil en dialogue politique et réconciliation nationale, assistance électorale, réforme du secteur de la sécurité et promotion des droits humains.
Dès ses débuts, la mission a été confrontée à la violence. Le 19 août 2003, un attentat à la camionnette piégée contre le siège de l’ONU à Bagdad (hôtel Canal) a coûté la vie à 22 personnes, dont le représentant spécial Sergio Vieira de Mello. Cet événement symbolisait les immenses défis auxquels l’Irak devait faire face : guerres sectaires, montée de l’État islamique (Daesh) et instabilité chronique.
Ces dernières années, avec un retour progressif à la stabilité – notamment après la défaite territoriale de Daesh en 2017 et des élections jugées crédibles – les autorités irakiennes ont estimé que la présence d’une mission politique spéciale n’était plus justifiée. En mai 2024, le Conseil de sécurité a unanimement adopté la résolution 2732, prolongeant le mandat pour une dernière période jusqu’au 31 décembre 2025, afin de permettre une transition ordonnée.
Cette clôture marque un tournant : l’Irak affirme sa pleine souveraineté et son autonomie. Comme l’a souligné Guterres, le pays d’aujourd’hui est « méconnaissable » par rapport à celui de 2003, ayant surmonté des décennies d’oppression, de conflits et de terrorisme.
Les agences spécialisées de l’ONU (UNESCO, PNUD, UNHCR, etc.) resteront actives en Irak, recentrant la coopération sur des priorités telles que le changement climatique, la reconstruction et la protection des minorités. Des défis demeurent cependant, notamment le retour des déplacés (dont les Yézidis), la protection des femmes et le renforcement des institutions démocratiques.


























