Le 15 décembre 2025, l’armée libanaise a annoncé une série d’opérations sécuritaires dans la vallée de la Bekaa, région frontalière avec la Syrie, ayant conduit à l’arrestation de 38 ressortissants syriens pour entrée illégale sur le territoire libanais. Menées dans des domiciles et des camps informels de déplacés syriens, ces interventions s’inscrivent dans une politique de renforcement des contrôles frontaliers, alors que le Liban traverse une période de transition majeure concernant la présence syrienne sur son sol.
Selon le communiqué officiel relayé par L’Orient-Le Jour, 36 individus ont été interpellés à Ghazzé, dans la Bekaa-Ouest, pour infiltration clandestine, tandis que deux autres ont été arrêtés dans le camp de Talia (ou Tallia), à Baalbeck, pour le même motif. Lors de ces interventions, les forces armées ont saisi deux fusils de guerre, soulignant que la dimension sécuritaire dépasse la simple question d’immigration irrégulière. Les personnes arrêtées et les armes confisquées ont été remises aux autorités judiciaires compétentes pour enquête et poursuites légales.
la Bekaa, vallée fertile mais poreuse à la frontière syrienne, est depuis des années le théâtre de raids visant à contrer le trafic humain, la contrebande d’armes et les entrées illégales.
Depuis 2011, le Liban accueille l’une des plus importantes concentrations de réfugiés syriens au monde, avec environ 1,5 million de personnes selon les estimations officielles, dont environ 755 000 enregistrés auprès du HCR avant la cessation des enregistrements en 2015. Dans un pays de seulement six millions d’habitants, frappé par une crise économique profonde depuis 2019, cette présence massive a généré de fortes tensions sociales, économiques et sécuritaires.
Selon le HCR et les autorités libanaises, près de 400 000 Syriens – réfugiés enregistrés et non enregistrés – ont quitté le Liban pour la Syrie en 2025, dont 362 000 retours vérifiés depuis le début de l’année jusqu’en novembre, souvent organisés en convois, le 13e ayant été annoncé à la mi-décembre. Plus largement, depuis décembre 2024, plus de 1,2 million de réfugiés syriens ont regagné leur pays depuis la Turquie, le Liban et la Jordanie, témoignant de l’ampleur du mouvement de rapatriement dans la région. Ces retours s’effectuent souvent via des postes-frontières comme Masnaa ou Arida, avec un soutien logistique du HCR, de l’OIM et de la Croix-Rouge.
À l’approche de la fin des mesures d’exception, les autorités libanaises intensifient les contrôles afin de dissuader de nouvelles entrées clandestines – parfois motivées par des raisons économiques ou familiales – et de repérer d’éventuels éléments armés ou impliqués dans des trafics. La saisie d’armes lors des raids du 15 décembre rappelle que la porosité de la frontière reste un enjeu sécuritaire majeur, avec des risques persistants de contrebande ou d’infiltrations.
Ces opérations s’inscrivent dans un mouvement plus large : au cours de l’année 2025, l’armée libanaise a multiplié les perquisitions dans la Bekaa (Brital, Saaïdé, etc.), arrêtant des dizaines de Syriens pour des motifs similaires. Elles traduisent la volonté du Liban de reprendre pleinement le contrôle de ses frontières après des années de flux migratoires incontrôlés.


























