Le 30 avril 2025, l’Algérie a intercepté une cargaison de plus de 1,6 million de comprimés psychotropes en provenance du port de Marseille à destination de Mostaganem, d’une valeur estimée à 40 milliards de dinars. Selon Hassan Kacimi, expert en sécurité, cette opération s’inscrit dans une lutte contre des tentatives visant à déstabiliser le pays par le narcotrafic, qualifiées d’atteintes à la souveraineté nationale. Cependant, cette intervention soulève des questions sur la prédominance de l’Armée nationale populaire (ANP) dans ce type d’opérations, au détriment d’autres organismes de sécurité, et sur l’absence de transparence dans la gestion de ces crises.
L’implication récurrente de l’ANP dans la lutte contre le trafic de drogue, comme dans cette saisie, reflète son rôle central dans la stratégie sécuritaire algérienne. Si l’armée dispose de moyens logistiques et d’une présence territoriale inégalés, cette approche peut marginaliser d’autres institutions, telles que la Gendarmerie nationale ou la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Ces organismes, pourtant spécialisés dans les enquêtes criminelles et le renseignement, semblent relégués à un rôle secondaire. Cette centralisation militaire pourrait indiquer une méfiance envers les autres structures ou une volonté de renforcer l’image de l’ANP comme garante de la stabilité nationale. Toutefois, elle soulève des interrogations sur l’efficacité d’une telle stratégie face à des réseaux criminels transnationaux, qui exigent une coordination interinstitutionnelle et des compétences spécialisées en investigations judiciaires.
Les déclarations de Kacimi, relayées par Radio Algérienne Internationale, présentent l’opération comme une réponse à une « guerre non déclarée » contre l’Algérie, invoquant des complots internationaux et des plans de déstabilisation. Ce discours, bien que mobilisateur, manque de preuves concrètes et risque de simplifier une problématique complexe. En outre, l’appel à des mesures extrêmes, comme la réinstauration de la peine de mort, peut détourner l’attention des véritables enjeux : démantèlement des réseaux, coopération internationale, et prévention. L’absence de communication détaillée sur les suites judiciaires de l’opération — identité des responsables, origine précise de la cargaison, ou mesures préventives — renforce le sentiment d’opacité.
Si l’ANP a démontré sa capacité à intervenir dans des opérations d’envergure, la récurrence de son implication exclusive interroge la répartition des responsabilités au sein de l’appareil sécuritaire algérien. Une approche plus équilibrée, mobilisant la police, la gendarmerie, et les services de renseignement, pourrait non seulement optimiser les ressources, mais aussi renforcer la confiance des citoyens dans l’ensemble des institutions. Par ailleurs, une communication plus transparente sur les résultats des enquêtes et les stratégies de prévention serait essentielle pour crédibiliser l’action de l’État.
