Le 27 mai 2025, le Général d’Armée Saïd Chanegriha, Chef d’État-major de l’Armée nationale populaire (ANP), a supervisé l’exercice tactique « Soumoud 2025 » dans la 2e Région militaire, un événement présenté comme un succès retentissant par le ministère de la Défense nationale (MDN). Si le communiqué officiel met en avant le professionnalisme des unités, la précision des tirs et une coordination exemplaire, plusieurs éléments incitent à une lecture plus critique de cet exercice, qui soulève des questions sur la transparence, la pertinence et l’impact réel de telles démonstrations.
Tout d’abord, le ton du communiqué, résolument laudatif, manque de nuance. Chaque paragraphe insiste sur le « haut niveau de professionnalisme », la « parfaite exploitation du terrain » et les « résultats hautement satisfaisants ». Cette absence de toute mention de difficultés ou d’imperfections, même mineures, donne l’impression d’un exercice calibré pour servir une narrative flatteuse plutôt qu’un rapport objectif. Dans un contexte où la crédibilité des institutions militaires repose sur leur capacité à reconnaître leurs limites pour s’améliorer, ce discours unilatéral risque de décrédibiliser l’ANP aux yeux d’un public averti.
Ensuite, les objectifs de l’exercice, bien qu’évoqués – renforcer les capacités de combat, entraîner les états-majors à la planification et à la conduite d’opérations – restent flous. Quelles menaces spécifiques ont été simulées ? S’agissait-il de scénarios de défense contre des agressions externes, de conflits asymétriques ou de crises internes ? Sans ces précisions, il est difficile d’évaluer la pertinence de « Soumoud 2025 » face aux défis sécuritaires actuels de l’Algérie, notamment dans une région où les tensions géopolitiques et les menaces transfrontalières exigent une préparation ciblée.
Un autre point préoccupant est l’absence de transparence sur les moyens engagés. L’utilisation de munitions réelles, bien que spectaculaire, soulève des questions sur son coût financier et environnemental. Combien de ressources ont été mobilisées pour cet exercice ? Quel a été l’impact écologique des tirs dans le champ de manœuvres ? Ces informations, absentes du communiqué, sont essentielles pour juger de la durabilité de telles opérations, surtout dans un pays où les contraintes budgétaires et les préoccupations environnementales gagnent en importance.
Enfin, le communiqué semble passer sous silence l’aspect humain de l’exercice. Si les unités ont été félicitées pour leur « savoir-faire élevé », rien n’est dit sur les conditions de travail des personnels, leur niveau de fatigue ou les éventuels besoins en formation complémentaire. Une armée moderne ne se juge pas seulement à ses performances techniques, mais aussi à sa capacité à soutenir ses soldats sur le long terme.
