À l’approche de l’Aïd al-Adha 2025, le ministère de l’Industrie, en grand chef d’orchestre d’une improbable chorale de ministères, institutions et associations, a décidé de transformer le sacrifice rituel en une véritable épopée industrielle avec sa « Grande Collecte Nationale des Peaux : le Cuir, c’est l’Avenir ! ». Sous le slogan aussi pompeux qu’un discours électoral, « Nous sacrifions, nous écorchons, nous salons… pour une peau digne de la nation », cette campagne veut faire croire que vos talents d’écorcheur du dimanche vont sauver l’économie nationale.
L’idée ? Transformer les peaux de vos moutons en or industriel pour les filières du cuir, du textile et de la chaussure, parce que, soyons sérieux, rien ne crie « puissance économique » comme une belle paire de babouches made in sacrifice. On nous assure que c’est aussi une croisade verte : recycler les peaux, c’est tellement plus chic que de les laisser pourrir dans un coin. Mais attention, citoyens, pas de zèle mal placé ! Pas question de massacrer la peau en l’écorchant comme un apprenti boucher, de la tremper comme une soupe ou de lésiner sur le sel. Non, non, il faut la chouchouter, la saler avec amour, puis la déposer religieusement dans un point de collecte, comme une offrande à la déesse Industrie.
Et pour que même les plus paresseux d’entre nous puissent participer à cette révolution du tannage, le ministère a dégainé deux applications mobiles, parce qu’évidemment, tout se règle par smartphone de nos jours. « MriGuel Hidoura » vous guide vers le point de collecte le plus proche avec la précision d’un GPS en quête de gloire, tandis que « Moustafid » vous permet de refiler votre peau sans quitter votre canapé – le summum de l’engagement citoyen ! Alors, à vos couteaux, à vos sachets de sel, et montrez au monde que tradition, écologie et patriotisme économique peuvent cohabiter… du moins, le temps d’un Aïd.
