L’équilibre du marché pétrolier mondial est de nouveau mis à rude épreuve. Alors que les prix du brut repartent à la hausse, les tensions diplomatiques, les politiques énergétiques et les perturbations climatiques convergent pour créer une zone de turbulences. Au cœur de cette instabilité : les sanctions américaines contre le Venezuela et l’attentisme stratégique de l’OPEP+, deux leviers géopolitiques majeurs qui réactivent la volatilité des marchés.
Le 27 mai 2025, Washington a renouvelé, sous conditions, la licence accordée à Chevron, lui permettant de continuer à exploiter ses actifs au Venezuela, tout en interdisant l’exportation de brut. Une décision stratégique qui renforce les mesures punitives contre le régime de Caracas, mais qui réduit significativement l’offre mondiale de pétrole lourd – un type de brut crucial pour de nombreuses raffineries américaines.
Cette restriction ne fait qu’amplifier les effets d’un isolement énergétique déjà sévère, le Venezuela produisant encore près d’un million de barils par jour grâce à l’assistance technique de quelques majors occidentaux.
« Cette perte de brut vénézuélien force les États-Unis à se tourner davantage vers le Moyen-Orient, ce qui accroît leur exposition aux risques géopolitiques dans la région », souligne Robert Rennie, stratégiste chez ANZ.
Pendant que Washington ferme la porte au brut sud-américain, les marchés scrutent les intentions de l’OPEP+, dont la réunion plénière ce mercredi doit préparer le terrain à une possible augmentation de la production dès juillet. Huit pays membres du groupe discuteront samedi d’un retour progressif sur le marché de 2,2 millions de barils/jour issus de leur réduction volontaire.
Bien que certaines prévisions, commeS celles de Goldman Sachs, misent sur une hausse modérée suivie d’un maintien de la production, d’autres experts estiment que le groupe reste divisé, certains producteurs peinant à respecter les quotas déjà en place.
« Si la discipline ne s’améliore pas ou si la demande dépasse les attentes, les tensions sur l’offre pourraient se renforcer », notent les analystes de la banque américaine.
À ces éléments géopolitiques s’ajoute un facteur climatique critique : les incendies de forêt au Canada perturbent la production dans plusieurs régions pétrolifères. Ces interruptions renforcent mécaniquement la pression sur l’OPEP+, censée compenser les déficits nord-américains.
Selon Janiv Shah (Rystad Energy), cette combinaison de chocs inattendus renforce l’idée d’un marché structurellement plus fragile, tributaire d’un équilibre diplomatique et environnemental incertain.
La situation reste d’autant plus volatile que d’autres fronts diplomatiques s’ouvrent. L’Iran a récemment déclaré être disposé à autoriser des inspections nucléaires américaines si les négociations avec Washington progressent. Dans le même temps, Donald Trump a évoqué la possibilité de nouvelles sanctions contre la Russie, ce qui pourrait affecter l’approvisionnement européen.
Ces développements ne manquent pas d’alimenter la spéculation sur les marchés à terme, poussant les cours à la hausse malgré une demande encore modérée.