Suite à la pression internationale, le parquet du Caire a libéré trois membres du personnel de l’ONG égyptienne indépendante « Initiative égyptienne pour les droits de la personne (EIPR) », la même dans laquelle Patrick Zaky, l’étudiant égyptien de l’Université de Bologne arrêtée en février pour « atteinte à la sécurité nationale ».
Cela a été annoncé le 3 décembre par l’organisation elle-même, qui a rapporté sur son compte Twitter que les trois détenus, Mohamed Basheer, Karim Ennarah et Gasser Abdel-Razek, ont été libérés de la prison de Tora.
Les trois militants avaient été arrêtés par la police égyptienne, pour participation à une organisation terroriste et diffusion de fausses informations au détriment de l’intérêt public, après avoir organisé une réunion avec 13 ambassadeurs et diplomates étrangers, le 3 novembre, visant à discuter de la situation des droits de l’homme en Égypte.
Les trois militants en question sont Mohamed Basheer, chef du secteur de la criminalité et de la justice, le chercheur Karim Ennarah, et Gasser Abdel-Razek, le directeur exécutif de l’EIPR, considéré parmi les plus éminents défenseurs des droits de l’homme en Égypte.
Ces dernières semaines, divers acteurs et organisations internationaux se sont mobilisés pour pousser le gouvernement égyptien à libérer les quatre militants de l’EIPR, dont Zaky. Parmi celles-ci, également une actrice américaine, Scarlett Johansson, qui a posté une vidéo sur Youtube dans laquelle elle déclarait: «Faire entendre sa voix en Égypte aujourd’hui est dangereux». L’actrice, en plus de saluer l’engagement manifesté par l’EIPR dans la défense des droits de l’homme, a souligné que le seul crime commis par les quatre détenus était de défendre la dignité des Égyptiens. Pour le moment, il n’est pas clair si la libération des trois militants implique également l’annulation des charges. Parfois, l’accusation libère des militants sous caution, mais maintient les charges.
L’EIPR, actif depuis environ 18 ans, a signalé à plusieurs reprises des cas de violation des droits civils, de violence sectaire, de discrimination à l’égard des femmes et des minorités religieuses, ainsi que des conditions de détention. Cependant, comme indiqué précédemment par le ministère égyptien des Affaires étrangères, l’Initiative égyptienne pour les droits personnels mène des activités autres que celles déclarées, en violation de ce qui est autorisé par la loi. Une autre mesure prise contre l’organisation est le gel des avoirs, dont la saisie a été reportée au 6 décembre.
Pendant ce temps, l’Égypte continue de faire l’objet de critiques de la part de pays et d’organisations internationales, d’Amnesty International à Human Rights Watch, qui accusent le Caire de restreindre les libertés et les droits de la population et d’arrêter des militants et des dissidents. Les autorités du pays d’Afrique du Nord ont, pour leur part, démenti à plusieurs reprises les accusations, soulignant leur volonté de respecter la loi et les droits de l’homme. Les organisations de défense des droits de l’homme estiment que quelque 60 000 détenus en Égypte sont des prisonniers politiques, des militants laïques, des journalistes, des avocats et des universitaires arrêtés lors d’une campagne de répression lancée par le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, contre les voix de la dissidence.
Parmi les cas de l’année dernière figure Patrick George Zaky, un étudiant égyptien arrêté le matin du 7 février à l’aéroport du Caire, ont indiqué ses avocats. Le jeune homme, inscrit à une maîtrise en études de genre à l’Université de Bologne, était en Égypte pour rendre visite à sa famille. Le mandat d’arrêt contre lui est en vigueur depuis 2019, mais Patrick n’en a jamais eu connaissance. Les charges retenues contre lui vont de la diffusion de fausses nouvelles, de l’incitation à la violence, de la tentative de renversement du régime, de l’utilisation des médias sociaux pour nuire à la sécurité nationale, de la propagande pour des groupes terroristes, du recours à la violence. Au cours des auditions, Zaky a souligné à plusieurs reprises qu’il n’avait jamais écrit les articles pour lesquels les autorités égyptiennes l’accusaient de propagande subversive. Dans ce contexte, il remonte au 22 novembre la nouvelle avec laquelle il a été rapporté que le tribunal du Caire a établi la prolongation de la période de détention arbitraire de 45 jours supplémentaires.