Le Ministre des finances du Qatar, Ali Sherif al-Emadi, a été arrêté pour des allégations d’abus de pouvoir et de détournement de fonds publics. Pour le moment, les enquêtes sont toujours en cours.
Le même jour, l’émir qatari, Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, a suspendu al-Emadi de ses fonctions, confiant le rôle de ministre des Finances à Ali bin Ahmed al-Kuwari, le ministère du Commerce et de l’Industrie à partir de novembre 2018 précisé par le procureur.
La décision d’arrêter et d’interroger al-Emadi est intervenue après avoir reçu des documents et rapports sur des «crimes liés au secteur public», au détriment des caisses de l’État, qualifiés d’abus de pouvoir et d’abus de pouvoir. Cependant, jusqu’à présent, aucun détail particulier concernant ne l’enquête ou l’affaire en général n’a été divulguée, et il n’est pas clair si les allégations concernent al-Emadi lui-même.
Le ministre accusé s’est fait connaître au cours de son mandat de PDG de la Qatar National Bank (QNB), poste qu’il a occupé de 2005 à 2013, ce qui lui a permis d’assister à la transformation de l’institution en l’une des plus grandes institutions de crédit du Moyen-Orient. En plus d’être à la tête du ministère des Finances depuis 2013, al-Emadi est également membre du conseil d’administration de Qatar Airways et de la Qatar Investment Authority (QIA), un fonds souverain de 295 milliards de dollars. Cependant, le ministre qatari des Affaires étrangères, également président du QIA, Mohammed bin Abdulrahman al-Thani, a précisé que les accusations portées contre al-Emadi concernent uniquement son rôle au sein du ministère des Finances et non celles liées au QIA et au QNB. En tous cas,
Comme l’ont souligné de multiples sources, le ministre a dirigé les politiques économiques du Qatar lors de l’effondrement des prix du pétrole entre 2014 et 2015 et a incité l’État du Golfe à accélérer les plans de diversification de l’économie. Cela lui a valu le titre de meilleur ministre de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord en 2020,
Plusieurs analystes ont qualifié l’arrestation d’al-Emadi de décision inhabituelle, mais qui pourrait être le début d’une série d’opérations similaires visant à éradiquer la corruption dans l’émirat du Golfe. En effet, la corruption continue d’être un phénomène répandu parmi les riches cheikhs du Golfe ainsi qu’au Moyen-Orient. À cet égard, selon Transparency International, une organisation non gouvernementale internationale qui mène des recherches sur la corruption non seulement au niveau politique, le Qatar semble être parmi les pays les moins corrompus de la région. Son score pour 2020 était de 63 sur 100, où zéro signifie «hautement corrompu» tandis que 100 est attribué à des pays «très propres».
Dans ce contexte, selon certains analystes, le fait que les autorités qatariennes aient pris la décision tout aussi « inhabituelle » de rendre public la détention d’Al-Emadi est une indication d’un projet derrière un comportement similaire, visant à influencer les démarches des ministres, représentants du gouvernement et membres du secteur privé. Pour cette raison, des changements profonds au sein du système ne peuvent être exclus.
L’arrestation d’al-Emadi est intervenue à un moment où le Qatar se prépare à accueillir la Coupe du monde 2022, à travers une série d’investissements d’une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars, notamment dans le secteur des infrastructures. Cependant, même le pays, défini comme l’un des principaux producteurs de gaz naturel liquéfié, n’a pas été à l’abri des conséquences économiques liées à la pandémie de coronavirus, qui a provoqué une contraction de 3,7%. Cependant, selon le Fonds monétaire international, il s’agit de l’un des pourcentages les plus faibles enregistrés dans la région.